du 2 novembre 2006 |
PERSPECTIVES |
la profession peut rester à 39 heures
L'Assemblée Nationale a adopté un amendement pour rétablir les accords de 2004
La profession peut continuer à travailler sur la base de 39 heures, en attendant que les partenaires sociaux parviennent à conclure un nouvel accord avant la date butoir du 31 janvier 2007.
Rien
n'est jamais simple dans la profession de l'hôtellerie-restauration en matière
de conditions de travail. À peine le Conseil d'État annulait mercredi
18 octobre l'accord de 2004, qui accordait une 6e semaine de congés
payés aux salariés du secteur en contrepartie du maintien des 39 heures, que les
députés montaient au créneau pour faire rétablir cet accord par le biais d'un
amendement au projet de loi de Financement de la Sécurité sociale pour 2007.
Même si cette loi est en cours d'adoption, elle permet à la profession de
maintenir l'accord de 2004, et la durée du travail à 39 heures, en attendant que
les partenaires sociaux concluent un autre accord. Sachant qu'ils n'ont que
jusqu'au 31 janvier 2007.
Propos
recueillis par Pascale Carbillet
Thierry Mariani
a soutenu l'amendement rétablissant les 39 h dans les établissements.
Interview express de Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse, secrétaire national de l'UMP, président du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur les métiers de l'hôtellerie-restauration.
L'Hôtellerie
Restauration : Pourquoi un tel
amendement ?
Thierry Mariani
: Le Conseil d'État a annulé les accords signés en 2004 par
les principaux syndicats d'employeurs et de salariés du secteur. L'annulation
de cet accord a plongé la profession dans l'incompréhension. Alerté
par André Daguin, président de l'Umih, j'ai pu constater qu'à la
fin du mois d'octobre, les salariés auraient dû rendre leurs congés
payés, et les employeurs auraient dû passer leurs salariés aux 35
heures, ou pire, retourner aux 43 heures prévues par un décret de 1999.
J'ai donc soutenu en séance
l'amendement UMP visant à légaliser l'accord. L'amendement voté
à une large majorité (47 voix contre 10 sur 57 votants) après l'article
12 permet à l'ensemble du secteur de continuer à bénéficier
de cet accord gagnant-gagnant en attendant qu'un nouvel accord soit signé par
les partenaires sociaux avant le 31 janvier 2007.
Est-il définitif ?
La loi sur le Financement de la Sécurité
sociale pour 2007, qui comporte cet article 12 bis rétablissant l'accord de
2004, a été adoptée par les députés. Elle va être
ensuite examinée au Sénat. Selon toutes probabilités, les sénateurs
ne devraient pas remettre en cause cet article. Puis la loi reviendra à l'Assemblée
nationale pour être votée définitivement au début du mois de
décembre et adoptée dans le courant de ce mois.
La loi peut-elle être remise
en cause ?
Oui ! Une fois sa promulgation, 60
députés ou 60 sénateurs ont la possibilité de saisir le Conseil
constitutionnel pour décider de la validité du contenu de cette loi, et
par conséquent, de cet article 12 bis. En raison des enjeux économiques
et politiques, on constate que tous les ans, la loi pour le Financement de la Sécurité
sociale (PLFSS) est systématiquement soumise à l'examen du Conseil constitutionnel.
Institution qui rend sa décision vers la fin du mois de janvier de l'année
suivant l'adoption. Mais en attendant, cette décision aura permis de donner
une sécurité juridique au secteur et
donner
le temps aux partenaires sociaux de conclure un nouvel accord.
La profession satisfaite
de cet amendement
L'Umih constate que le gouvernement
et les députés de la majorité ont entendu son message au nom des
professionnels, salariés comme employeurs. Tout en rappelant que les accords
signés en juillet 2004 restent en vigueur jusqu'au 31 janvier 2007. "Cette
période va nous permettre d'aboutir à un accord 'gagnant-gagnant' sur
une grille de salaires tout en respectant l'équation économique de juillet
2004", déclare l'Umih, précisant qu'elle "s'emploiera à
négocier activement afin de continuer à conduire le secteur dans la
voie de la modernité".
Quant au Synhorcat, s'il déclare
apprécier les efforts solidaires des représentants politiques envers la
profession, il souhaite la prise d'un décret ou d'un autre amendement qui valide
la durée du travail à 39 heures dans la profession, mais qui ne fasse
pas référence à l'accord de 2004, sous peine de mettre en difficulté
les futures négociations entre les différents partenaires. Négociations
que le président du Synhorcat, Didier Chenet, souhaite reprendre le plus rapidement
possible.
Un amendement scandaleux pour
la CFDT
"Les auteurs de ce texte
balaient la décision du Conseil d'État qui a jugé la semaine dernière
que le régime des heures d'équivalence était illégal", déclare
la CFDT.
"L'initiative parlementaire
s'oppose clairement aux dernières déclarations du Premier ministre, qui
en appelle à la renégociation de la convention collective de branche",
tempête encore la CFDT qui fait valoir qu'avec le vote de cet amendement,
"les salariés ne peuvent plus faire valoir le paiement des heures supplémentaires
qu'ils ont effectuées depuis le 1er janvier 2005. Les salariés
des hôtels, cafés, restaurants sont définitivement condamnés
à être exclus du bénéfice des 35 heures".
Pour la CGT, cet amendement "vient
encore renforcer l'insécurité juridique liée à la décision
du Conseil d'État, loin de créer les conditions de retour à la
négociation, elle ne fait qu'attiser les tensions qui existent entre les partenaires
sociaux".
Voir les articles qui suivent sur le sujet :
Mémo - La
responsabilité d'un hôtelier sur les parkings (n° 3004 du 23 novembre
2006)
Temps de
travail dans l'hôtellerie restauration, les chaînes de restaurant pour un
projet d'accord avec les partenaires sociaux (n° 3004 du 23 novembre
2006)
Voir l'article qui précède sur le sujet :
Annulation de l'accord
de 2004, confusion totale (n° 3000 du 26 octobre 2006)
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L'Hôtellerie Restauration n° 3001 Hebdo 2 novembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE