du 3 mai 2007 |
MICHELIN 2007 |
Jacques Lameloise - Restaurant Lameloise - Chagny (71) Mis au purgatoire par le guide rouge durant deux ans, Jacques Lameloise a retrouvé sa 3e étoile cette année, juste à temps pour célébrer, serein, ses soixante printemps. Un beau cadeau d'anniversaire.
Nelly Rioux
Une cuisine de coeur qui incarne l'art de vivre en Bourgogne
"On doit toujours progresser pour rester simplement bon." |
Alors que j'attendais dans la gare du Creusot-Montchanin le TGV qui allait me ramener à Paris, je cherchais dans ma tête des adjectifs qui pourraient bien caractériser Jacques Lameloise. Tellement de choses ont été dites sur lui. Pensez ! Durant 26 ans son établissement a fait partie des maisons installées sur la plus haute marche du podium. Et puis catastrophe, en 2005, la sanction tombe : le guide rouge lui retire l'étoile la plus convoitée. "Je ne comprenais pas, mais j'ai accepté le verdict", avoue cet homme qui a pourtant du mal à faire des confidences sur les choses qui le touchent. Il n'en dira d'ailleurs pas plus sur cette 3e étoile retrouvée : Jacques Lameloise est un chef pudique, presque timide. Derrière son allure enjouée et rigolarde, l'homme est un tendre qui a constamment besoin d'être rassuré. Sa maison est l'une des plus belles de la région, mais il a besoin qu'on le lui dise. Alors qu'il me fait visiter son établissement minutieusement entretenu, il poursuit : "On est sans cesse en train de faire quelque chose. On vient de rajouter les fameuses portes coupe-feu pour encloisonner l'escalier, mais ensuite il faut penser à donner un coup de peinture sur un mur… et regardez là, on vient de mettre des écrans plats dans toutes les chambres", et il ponctue ses propos avec une de ses devises favorites, une de celles qu'il note dans son cahier 'de chevet', "on doit toujours progresser pour rester simplement bon". Il en est intimement convaincu mais dans son oeil on devine pourtant une sorte d'interrogation…
Il réinvente la tradition
avec simplicité
Qu'importe, l'inquiétude.
C'est le propre des gens généreux et Jacques Lameloise l'est. Non seulement
dans sa cuisine mais aussi avec sa jeune équipe qu'il couve comme un papa coq,
entouré de Guy Million, le directeur de salle, et de Jean-Pierre Després,
le chef sommelier, qui oeuvrent, eux, dans sa maison depuis plus de 30 ans. "En
plein service, je ne vais faire de cadeaux
à personne. En revanche j'ai besoin que les gens qui travaillent avec moi
se sentent bien", explique-t-il, alors qu'il me fait faire le tour des postes de
sa cuisine supervisée par son jeune et prometteur second, Johan Chapuis. En
passant, il ne peut pas s'empêcher de taquiner Philippe Masson, son chef pâtissier,
parce qu'il arbore une veste noire. "Il est jeune et il trouve que c'est plus
moderne. Que voulez-vous, moi j'aime le blanc et je suis attaché à une
forme de tradition. C'est pas maintenant qu'on va me faire changer !"
Pourtant, Jacques Lameloise a bâti son prénom
grâce à son originalité, voire son audace. Lorsqu'il est revenu
à Chagny en 1971 après avoir fait son apprentissage dans les plus grandes
maisons (Lucas-Carton, Ledoyen, Lasserre, le Savoy à Londres), il impose
rapidement un style 'Jacques'. Trois ans après, la maison Lameloise décroche
sa 2e étoile et en 1979, à 32 ans, il met l'établissement
sur la plus haute marche du podium Bibendum. Cette consécration, qui aurait
pu faire perdre la tête à plus
d'un, sera toujours considérée par Jacques Lameloise comme un honneur
qu'il faut défendre chaque jour en continuant à créer et à
innover sans choquer. Car la simplicité, qu'il incarne, "c'est ce qu'il
y a de plus difficile", dit-il. Et c'est très naturellement qu'en m'entraînant
chez Metro à Chalon, "pour terminer l'interview sans perdre de temps",
il me présente ses amis qui l'interpellent derrière le vivier où
l'on pêche le homard breton qu'il servira le soir même. Jean-Pierre
Gillot (Le Moulin de Martorey à Saint-Rémy) ou Roland Chanliaud (Le
Jardin des Remparts à Beaune) ne peuvent pas s'empêcher de le taquiner
mais s'empressent aussi de me chanter ses louanges : "Il fait tellement de choses
pour promouvoir notre région, notre vin et nos tables." Jacques Lameloise
renchérit aussitôt : "Il faut que vous parliez d'eux, ce qu'ils font,
c'est vraiment formidable !" Et à peine reparti, il pense déjà
au discours qu'il doit préparer pour le 79e Tastevinage au Château
du Clos de Vougeot où 937 vins vont être proposés !
Un établissement élégant
et discret
Avant de me raccompagner
à la gare, Jacques Lameloise n'oubliera pas de rendre hommage à Nicole,
son épouse, avec qui il a créé cette maison élégante et discrète, véritable symbole de
la gastronomie Bourguignonne.
Aucun doute, à l'image de sa passion pour
les voitures de collection, Jacques Lameloise est un vrai moteur pour la Bourgogne
dont il 'véhicule' avec passion tout l'art de vivre !
n
zzz22i
Restaurant
Lameloise
36 place Armes
71150 Chagny
Tél. : 03 85 87 65 65
www.lameloise.fr
CA
2006 : 4 ME Ticket moyen/jour : 170 E Nbre couverts/jour : 90 Places assises : 80 Effectif : 45 personnes dont 18 en cuisine Fermetures annuelles : Du 20 décembre au 20 janvier et 1 semaine en juillet
Bio express Vêtements professionnels
: Bragard et Clément Secteur d'investissements dans les 6
prochains mois ? |
Complément d'article
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Pommes de terre ratte grillées aux escargots de Bourgogne
sucs de vin rouge et crème persillée
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L'Hôtellerie Restauration n° 3027 Magazine 3 mai 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE