Aujourd’hui, j’ouvre !
L’édito
LuKMUJZM
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Dans son projet de loi pour la croissance et l’activité,
Emmanuel
Macron
plaide pour l’extension du nombre d’ouvertures des
commerces le dimanche, qui passerait de cinq à douze (lire p.28). Le
sujet a immédiatement donné lieu à un débat sulfureux, où l’on a pris
à témoin l’emploi, le tourisme, l’équilibre des familles et autres raisons
d’État. Le sacro-saint repos dominical tombant sous le joug d’une
hypothétique relance pour les uns, étant une opportunité de croissance
impérative pour les autres... Quid de la réalité ? La mesure est-elle à ce
point révolutionnaire ? Va-t-elle à l’encontre de toute morale sociale ?
Dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, des cafés, le travail
dominical fait partie du paysage professionnel.
Même chose dans
bien d’autres secteurs et petits commerces qui ne font que s’adapter
à la demande. Dans les textes, on parle alors de
“contraintes de
production ou de besoins du public”
. L’extension d’ouverture voulue par
le ministre du Budget s’inscrit dans cet esprit, qu’on le veuille ou non.
“Ce n’est pas une loi sur les professions réglementées ou le travail du
dimanche. C’est une loi qui s’attache à lever de manière pragmatique
les obstacles identifiés dans une multiplicité de secteurs pour libérer
le potentiel inexploité de croissance et d’activité”
, peut-on lire en
introduction du projet.
Pour les professionnels du tourisme, voir les touristes étrangers
quitter la capitale en fin de semaine pour faire leurs emplettes
le dimanche à Londres
est une hérésie vécue de longue date. Et
dans la mondialisation touristique tant attendue, le détail n’est pas
anodin. Effectivement, décrisper le commerce s’impose, si bon sens et
nécessité économique font loi.
Dans cette discussion, un autre aspect apparaît :
pourquoi s’indigne-t-on
de voir les salariés des grandes surfaces travailler le dimanche et pas
ceux de l’hôtellerie-restauration par exemple ? Y aurait-il deux poids,
deux mesures ?
Dans un autre domaine, lundi, les chauffeurs de taxi ont
manifesté contre l’offre payante de transport entre particuliers UberPOP,
criant à la concurrence déloyale. Et ils ont obtenu du Gouvernement son
interdiction sur le sol français. Les hôteliers et les restaurateurs, qui eux
aussi crient à la concurrence déloyale contre les pratiques de certains sites,
n’obtiennent pas de mesure aussi radicale. Deux poids, deux mesures ?
SYLVIE SOUBES
E
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L’actualité
Booking fait un pas en ar
Hervé Montoyo brise l’ano
des avis sur internet
Sous la pression des autorités de la concurrence de sept pays
européens, le géant des réservations en ligne a annoncé avoir renoncé
à imposer ses conditions dans les relations entre l’hôtelier et les
plateformes tiers.
Le chef, président des restaurateurs à l’Umih 66, a gagné son
procès contre un site internet ayant publié un avis d’internaute jugé
“discriminatoire et abusif”
. Ce jugement inédit oblige aussi
à dévoiler l’identité de l’auteur.
L
es autorités de
la concurrence
française,
italienne et suédoise
ont annoncé, lundi
15 décembre, avoir
obtenu de Booking
le retrait de sa clause
de parité tarifaire.
Elles ont estimé que
celle-ci était
“de nature
à réduire la concurrence
entre Booking.com
et les plateformes
concurrentes”.
Concrètement,
l’hôtelier continuera
à devoir appliquer
la parité tarifaire avec Booking pour les
chambres qu’il vend directement, mais
il redeviendra libre de négocier ses
tarifs comme il l’entend avec d’autres
plateformes de réservation en ligne.
Booking a renoncé à cette disposition
pour éviter une condamnation à l’échelle
européenne, sept pays (Allemagne,
Autriche, Grande-Bretagne, France,
Irlande, Italie, Suède) ayant lancé des
poursuites à son encontre. Pour l’Autorité
de la concurrence française (citée par
Les
Échos
),
“les hôteliers pourront désormais
mettre Booking.com en concurrence avec
Booking souhaite éviter une condamnation à
l’échelle européenne.
“T
out le monde
a le droit de
déposer un
avis sur internet”,
reconnaît volontiers
Hervé Montoyo
,
chef et propriétaire
du restaurant Le
Chat qui rit à Reynès
(66), et président
des restaurateurs à
l’Umih 66. Mais, de
l’opinion à la diffamation,
il y a une barrière
qu’une personne a osé
franchir contre son
restaurant, sous couvert
d’un pseudonyme, le
24 août 2013, dans un
avis intitulé ‘Attention
arnaque !’ Hervé
Montoyo, qui pratique
son métier depuis trente
ans avec un souci presque
maniaque d’apporter
le meilleur service au
client, en a appelé à son
avocat, maître
Pierre
Becque
:
“Nous avons
d’abord écrit au groupe
Benchmark, propriétaire
du site internet, pour lui
demander de retirer cet
avis et l’identité réelle de
l’internaute”,
commente
le juriste. Une demande
qui n’a pas été prise en
compte, ce qui a incité
Hervé Montoyo à aller
plus loin avec l’appui des
instances nationales de
l’Umih.
Une possible
jurisprudence
“Nous avons déposé plainte
devant le tribunal de
commerce de Perpignan,
qui a fini par nous
donner raison”
, ajoute
Hervé Montoyo, qui a su
être patient puisque le
jugement a été rendu le
13 octobre dernier. Le site
internet a été condamné à
retirer le texte en cause et à
indemniser le restaurateur
pour dommages et
intérêts en raison du
caractère diffamatoire
de l’avis publié.
Surtout : la sentence
stipule l’obligation de
communiquer l’identité de
son auteur. Une décision
qui peut désormais faire
jurisprudence.
Hervé Montoyo attend
maintenant de pouvoir
contacter l’internaute
incriminé pour échanger
avec lui sur cet avis,
avant de décider quelles
seront les suites à donner
à l’affaire.
“Ce n’est pas