Coup de chance
Mais la chance joue en faveur du tandem. "La gare du Nord recherchait un concept alimentaire, car beaucoup d'enseignes ont été fermées en raison du vaste chantier de rénovation. Gares et Connexions voulait un jeune concept. Il y a eu un appel d'offres informel, auquel ont participé quelques enseignes. Capucin, imaginé par Michel Bras, avait été choisi, mais le concept a été stoppé et nous avons pu bénéficier de cet emplacement", raconte-t-il. Le kiosque s'avère "idéalement placé, devant le Thalys, dans le hall voyageurs". Autre avantage : Picto signe un contrat de sous-occupation avec Lagardère. "Ce statut atypique nous permet d'être exploitant et non franchiseur, de ne pas payer de commission et de maîtriser la qualité, se réjouit l'entrepreneur. En plus, le contrat est à durée déterminée, puisque tout va être rasé là où nous nous trouvons dans un an."
Savoir s'adapter
Celui-ci, de 25 m², est entouré d'une terrasse de 8 m². Le kiosque fait découvrir les spécificités de la restauration en milieu contraint. "L'exiguïté des lieux complique le travail des équipes, la logistique, le stockage", résume Mathieu Babinet, qui, malgré tout, n'a pas voulu céder sur la fraîcheur des ingrédients. Le point de vente reçoit ses produits bruts (emmental AOP, jambon de pays…) et les tranche sur place.
Par ailleurs, les courants d'air s'avèrent une autre particularité imprévue, durcissant les conditions de travail du personnel et accélérant le ramollissement des baguettes. "Le boulanger avec lequel nous travaillons, Rodolphe Landemaine, a finalement décidé de cuire un peu plus le pain. Et pour avoir des baguettes toujours fraîches, nous recevons trois fournées par jour", poursuit-il.
Un mois et demi après ses débuts, le kiosque dépasse tous ses objectifs, avec des résultats 3 fois et demi supérieurs à ceux de la rue Cadet, et jusqu'à 1 000 tickets par jour. Son objectif ? 1,5 M€ de chiffre d'affaires. "C'est l'occasion de faire nos preuves. Nous allons montrer que c'est ce que le consommateur attendait et qu'on pourra répéter l'expérience dans d'autres gares pour des durées plus longues", s'enthousiasme Matthieu Babinet.
Publié par Violaine BRISSART