Créer des liens d'amitié et de respect avec les producteurs est un besoin quasi viscéral. "Je ne peux pas travailler avec des gens avec qui ça ne passe pas", confie-t-il. Les liens qui le rattachent aux pêcheurs de la côte sont "énormes". Même chose avec les viticulteurs. "En fait, quand je goûte un vin et que je l'aime, je m'aperçois que ça fonctionne toujours avec celui ou celle qui le fait." Et inversement. Son établissement ? Une petite structure, située à côté de la mairie. "J'ai beaucoup souffert dans les grosses maisons. Je ne suis pas un cuisinier de brigade mais de terrain" confie-t-il. La carte ne dépasse pas 9 propositions, desserts compris. Pas question de laisser un produit dormir ou de surcharger l'équipe dans la préparation ou le service.
"Une sorte de tourbillon nous emporte"
Le restaurant se limite à deux salons et moins de quarante places dans un décor qu'Annabelle, son épouse, et lui-même, ont concocté à leur image. "Nous voulions un cadre qui nous colle à la peau." Matériaux nobles, cuir, bois, métal, lignes contemporaines… Sa clientèle jusque-là ? 60 % de locaux et des Parisiens, drainés par Deauville et Honfleur. "Le Havre est une ville dynamique, qui bouge de plus en plus", constate le chef, résolument fidèle au deuxième port français, pour qui cette seconde étoile a véhiculé une sacré dose d'émotion. "Il y a eu des fuites sur internet avant l'annonce officielle. C'était pour nous un mélange de stress et d'angoisse. Le jour 'J', cela a été un grand moment de joie. Maintenant, c'est tendu. Les gens nous appellent, nos habitués se précipitent. Une sorte de tourbillon nous emporte, mais ça va aller. Aujourd'hui, nous avons deux étoiles à faire briller et ça nous plaît", conclut Jean-Luc Tartarin qui a commencé, il faut le rappeler, avec un CAP de cuisine, obtenu en apprentissage et rien d'autre, sinon l'envie d'apprendre et de progresser aux contacts du métier et de sa réalité. Sa griffe ? De la précision, de la construction, un jeu de cuissons à vous couper le souffle. Du grand art.
Publié par Sylvie SOUBES