"Je suis triste et ruiné !"
Alexandre Klimenko a fini par admettre que la liquidation de son
restaurant était la solution la plus cohérente. Pourtant, depuis
l'automne 2013, il luttait pour garder à flot son entreprise avec le
soutien du tribunal de commerce qui lui avait accordé deux plans de
continuation.
L'histoire de Klim&Ko avait
débuté en 2009. "J'avais appris que la municipalité de
Leucate avait le projet de réaliser un restaurant dans un très bel
espace dominant la mer, au coeur d'un environnement naturel préservé.
L'ambition était d'y installer un cuisinier capable d'apporter une
étoile Michelin. J'ai fait acte de candidature et après étude, mon dossier
a été accepté." Deux architectes ont
travaillé sur l'opération et, malgré quelques semaines de
retard, le restaurant a ouvert ses portes en mai 2012. "Le succès a été immédiat. La petite équipe, de trois personnes en
cuisine et autant en salle, n'a pas ménagé ses efforts. C'est que
dans le contrat, il fallait rapidement intégrer les guides
gastronomiques et s'y faire remarquer."
Un loyer beaucoup trop lourd
Exempté de loyer la première année,
le cuisinier - déjà étoilé lorsqu'il était au 'Chapon fin', à
Perpignan - a découvert que son succès allait avoir de drôles de
conséquences. "En fait, un an après l'ouverture, le loyer
à verser à la mairie étant indexé sur le chiffre d'affaires, ce
sont 9 000 € qu'il fallait verser chaque mois. Un chiffre que je
n'avais pas envisagé tant le mode de calcul était abstrait...
Sur un an, cela représentait 20 % du chiffre d'affaires !" Alors qu'il avait étoffé son personnel afin de poursuivre la
progression souhaitée et récompensée par quatre toques au Gault&Millau fin 2013, puis une première étoile Michelin début 2014, Alexandre
Klimenko a été contraint de faire des choix. Il a
rapidement mis entre parenthèses loyer et cotisations URSSAAF
et accepté le soutien du tribunal de commerce. "J'ai
personnellement investi 400 000 € dans l'affaire pour équiper la
cuisine et la salle, je n'avais pas de trésorerie..."
Dans le même
temps, il a réduit son personnel et choisi des produits moins nobles, mais
valorisés par le travail en cuisine. "Mais le poids du
loyer était trop lourd et la saison 2015 n'a pas arrangé les
choses. Au cours des huit premiers mois, la perte était de 74 000 €." Un repreneur s'est manifesté, mais il a fini par
renoncer au regard de la complexité du dossier. "Le 6
octobre, la liquidation a été prononcée et c'est le rêve de toute
une vie qui s'est envolé."
Bien décidé à
obtenir une forme de réhabilitation, "car on a beaucoup
parlé à mon encontre sans connaître le dossier",
Alexandre Klimenko va chercher à prouver que les conditions imposées
par le propriétaire des murs rendaient toute issue positive
impossible.
Publié par Jean BERNARD
lundi 9 novembre 2015