“C’est du bluff. Poutine ne va pas envahir l’Ukraine. On nous avait même, en plus d’une date, annoncé l’heure de l’attaque mercredi dernier à 1 heure !”, lance Stéphane Vaittinadane, ancien cuisinier de Joël Robuchon, Alain Ducasse, Michel Rostang ou Jacques Cagna qui a vu passer bien des crises depuis qu’il s’est établi en Ukraine. L’ex-francilien, né à Bangui, en République centrafricaine, vient pourtant de s’enregistrer, comme 1 064 autres compatriotes, à l’ambassade de France. “Une première depuis mon arrivée en 2002. Je reste confiant. On en a tellement vu ici mais je préfère pouvoir bénéficier, désormais, de la protection consulaire en cas d’évacuation par exemple”, explique le chef rendu célèbre par ses participations à plusieurs émissions culinaires ainsi que neuf années à la tête du restaurant Comme il faut, table réputée de l’Intercontinental de Kiev.
La Covid a eu plus d’impact économique que la guerre
“J’ai quitté la capitale pour Odessa en février 2021 après une année sans activité en raison de la crise sanitaire. À Kiev, l’hôtel était vide. Le Bristol, un palace 4 étoiles situé au bord de la mer Noire, m’a alors débauché. La situation sanitaire s’est aujourd’hui beaucoup améliorée dans le pays. Il n’y a plus de files d’attente, les magasins sont approvisionnés et mes poissons commandés à Rungis arrivent sans soucis. Avec des prévisions d’occupations à 100 %, avec même une liste d’attente, la saison d’été à Odessa s’annonce exceptionnelle ! Avec ma brigade de 12 cuisiniers, nous parlons plus de la météo que des bruits de bottes à la frontière, mais c’est vrai que la situation est grave. Les Ukrainiens ont tellement souffert qu’ils appréhendent les événements au jour le jour avec un certain fatalisme”, ajoute Stéphane Vaittinadane, qui continue de signer la carte de l’Intercontinental de Kiev. Son ancien employeur le rappelle régulièrement pour parrainer des opérations événementielles et regrette de l’avoir laissé partir. L’ambassade de France vient d’appeler les français à quitter le pays sans pour autant rompre le flegme de ce chef français dont le visage souriant est affiché partout dans les rues de la ville portuaire. “Odessa, ville russophone, est potentiellement une cible en raison de l’importance de son port et de la présence de bateaux de l’Otan. Pour autant, il n’y a aucune tension ici. Les gens vont à la plage, il y a du monde dans les restaurants”, tente de se convaincre le cuisinier, qui reçoit tous les jours des messages inquiets de ses proches.
Publié par Francois PONT