Daniel Garnier : Le marché est sélectif, mais réactif. Le prix moyen des cessions a baissé. De manière générale, à activité égale, les affaires valent moins cher. Pour la restauration, la fourchette de prix est plutôt de 60-80 % du CA et non plus à 80-100 % comme en 2012. Le marché actuel est propice aux reprises d'entreprises par des professionnels expérimentés qui peuvent profiter de taux de crédit professionnel intéressants.
Le chiffre d'affaires du vendeur constitue-t-il encore le critère de référence pour connaître la valeur de marché d'une affaire ?
Le chiffre d'affaires hors taxes (CA HT) reste utilisé pour une appréciation générale de la valeur du fonds. Pour se faire une idée plus précise, il est nécessaire de se pencher aussi sur le résultat brut d'exploitation retraité délesté des coûts liés à la personne du chef d'entreprise. C'est bien cette valeur, représentative de la rentabilité de l'affaire, dont l'acquéreur va se servir pour mesurer si elle est suffisante pour couvrir son salaire, ses travaux et son prêt. Le critère du RBE retraité est devenu plus important que celui du CA HT.
Apprécié au regard du RBE retraité, le prix moyen de cession a-t-il lui aussi baissé ?
Oui, surtout en périphérie de Lyon. Les coefficients RBE retraité que nous appliquons aujourd'hui avoisinent 2,5 en restauration traditionnelle. Pour ce qui est du bistrot-brasserie, la coefficient RBE augmente et peut parfois atteindre 3,5 si la part de limonade est importante. De manière générale, si l'activité limonade vente liquide représente 20-25 % ou plus par rapport à l'ensemble de l'activité restauration, il permet de pondérer à la hausse la valeur du fonds.
Quel sont les fonds de commerce suscitant le plus l'intérêt des acquéreurs potentiels ?
Les hôtels-bureaux de centre-ville, les tabacs-presse, les bars-brasseries, emplacements de premier ordre et de manière générale les affaires qui génèrent de la rentabilité.
Le profil et le comportement des acheteurs ont-ils évolué ?
Les acheteurs sont plus nombreux à être des professionnels du métier de la restauration. Nous avons peu de reconversion professionnelle, sauf sur le segment des hôtels-bureaux et tabacs. Dans tous les cas, les acheteurs - et leurs banquiers - sont plus attentifs à la rentabilité des affaires cibles.
Cela impacte-t-il le prix de mise en vente des fonds de commerce ?
Oui. Il y a quelques années, un vendeur avait tendance à afficher un prix légèrement plus élevé, quitte à le négocier à la baisse. Cette tactique n'avait pas d'incidence néfaste sur le processus de cession. Aujourd'hui, les affaires surévaluées ne suscitent même plus la curiosité des acheteurs. De sorte qu'une affaire affichée à un prix surélevé n'a quasiment aucune chance de trouver acquéreur. Le risque est alors que le vendeur finisse par la brader pour parvenir à vendre. Ce vendeur aura perdu du temps et de l'argent. De nos jours, nous conseillons de fixer un prix de cession au plus près de celui du marché, quitte à ne pas négocier à la baisse. Pour les affaires mises en vente au prix, le marché reste très réactif.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON