Trois jours intenses sur le rocher avec trois moments forts. A 8 h du matin, les 240 chefs convergent vers l'Hôtel de Paris en veste et tablier blancs pour la photo officielle. Au centre de la place, trône une grue dans laquelle grimpe le photographe tandis que les cuisiniers doivent respecter les consignes pour que le chiffre 25 soit parfaitement visible dans l'objectif. Ce rassemblement étonne les badauds qui sortent leur portable pour les mitrailler. L'ambiance est déjà au beau fixe.
Les navettes sont avancées. Tous les chefs sont conduits au Sporting de Monaco où un marché éphémère des produits de la Méditerranée attend le gratin de la haute cuisine. « J'ai réuni nos 25 meilleurs fournisseurs du moment qui présentent les 100 meilleurs produits, explique Alain Ducasse. Nous rendons hommage à ceux sans qui le cuisinier n'existerait pas puisqu'il est juste l'interprète de la générosité de la nature, de la passion de ses fournisseurs et il amène cette expertise qui doit permettre de préserver la saveur originelle de chaque produit qui compose un plat ». Les étals débordant de produits sublimes, du coing de Provence au chevreau, de la grive aux anchois, du petit-épeautre de Haute-Provence au saint-pierre… sont pris d'assaut par les chefs français et étrangers. 14 d'entre eux cuisinent en live quelques produits du marché devant leurs confrères : Fulvio Pierangelini (Italie), David Chang et Daniel Patterson (Etats-Unis), Hiroyuki Kanda (Japon), Maroun Chedid (Liban), Andoni Luis Aduriz (Espagne), Paul Pairet, Dong Zhenxiang (Chine), Tom Kitchin (Ecosse), Diego Munoz Velasquez (Pérou), Christophe Michalak, Pierre Hermé, Christophe Devoille, Nicolas Berger (France). Les questions fusent, les échanges de cartes aussi. "C'est un échange culturel et gastronomique utile. Nous avons aussi l'occasion de d'échanger nos points de vue en tant que restaurateurs et en cette période de crise, c'est d'autant plus important, souligne Joël Robuchon. Plusieurs heures de dégustation en toute convivialité précèdent le dîner de gala, avec ces mêmes produits, à l'Hôtel de Paris, préparé par Alain Ducasse, Franck Cerutti et Dominique Lory.
240 chefs issus de 25 pays, représentant les 5 continents, 300 étoiles… une rencontre au sommet de la diversité de la cuisine. Tenants d'une cuisine traditionnelle ou moderne, classique ou débridée, ils ont cohabité sans problème. « Le côté confraternel de notre profession ne pourra jamais être anéanti par les orientations médiatiques des uns et des autres ni par des chapelles. On doit, nous les cuisiniers, passer au-dessus de tout ça », conjure Alain Ducasse. Même s'il réclame un peu de reconnaissance pour la cuisine française qui dispose d'une « avance », d'un « leadership » du fait même de son antériorité. « La richesse de la cuisine, c'est les uns avec les autres. Et il n'y a pas de grands chefs et les autres, il n'y a que des bons et des mauvais », assène Alain Ducasse. Une réflexion que Paul Bocuse ne démentirai pas. Absent, Monsieur Paul n'a pas manqué d'envoyer un message : « Retenu au Japon, j'ai manqué ce 25ème anniversaire, rendez-vous pour les 50 ans ».
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Alain Ducasse en chiffres
Chiffre d'affaires d'Alain Ducasse Entreprise en 2011 : 68 millions d'euros (+ 15,2% par rapport à 2010)
Volume d'affaires : 120 millions d'euros
Nombre de restaurants : 21 + 3 auberges avec restaurant
Nombre d'étoiles : 19
Nombre de pays : 9
Publié par Nadine LEMOINE