En décembre dernier, Carlos Camino, chef du restaurant gastronomique le Miraflores, déménageait dans un nouveau local beaucoup plus grand du VIe arrondissement de Lyon (Rhône) pour gagner en confort de travail. Il ouvrait dans la foulée, sur le même site, Yka, un bar à ceviche et à pisco afin développer son offre et diversifier sa clientèle. Mais ce “projet d’une vie” s’est arrêté net du jour au lendemain. “Si j’avais su, je n’aurais jamais investi autant d’argent, près d’1,4 M€ empruntés à la banque. C’est toute une vie de travail qui est réduite à néant”, se désole le chef.
Car faute de trésorerie suffisante, le gérant est aujourd’hui en grande difficulté. “Nous avons fait une nouvelle demande de prêt auprès de notre banque via Bpifrance pour finir de payer les travaux du déménagement. On comptait sur notre activité pour rembourser tous les mois. On attend la réponse sous peu. Mais si elle est négative, on risque le dépôt de bilan » assure Carlos Camino. Autre sujet d’inquiétude : le paiement des salaires des sept employés. “Ils sont aujourd’hui au chômage partiel mais c’est à nous d’avancer l’argent. Ce n’est pas normal vu la situation. On ne pourra pas tenir longtemps, d’autant qu’on n’a toujours pas obtenu le remboursement des salaires payés le mois dernier”, assure le chef.
De fortes incertitudes pour l’année à venir
Face à la crise sanitaire, Carlos Camino déplore surtout le ‘flou’ des mesures promises par le Gouvernement aux restaurateurs, et l’énorme décalage entre les annonces faites et la réalité sur le terrain. “L’État nous promet beaucoup, mais au final, rien n’est clair car il n’y a rien de concret. Par exemple, on nous dit que les charges fixes sont suspendues mais certains organismes continuent de nous prélever ! Ce qu’il faudrait, c’est une annonce très détaillée des mesures prises pour aider la profession. De même, il faut que l’État oblige les assureurs à assumer leur responsabilité”, déclare le chef.
Quant au déconfinement à venir, le gérant est en proie aux mêmes incertitudes. “Pour moi, l’année 2020 est foutue. Car même si on rouvre en juin ou juillet, les clients ne vont pas revenir du jour au lendemain dans nos établissements. Ils auront peur. Et puis, quelles seront les normes imposées dans les restaurants au niveau de la distanciation sociale ? On n’en sait rien. Si c’est pour faire 10 couverts par semaine, ce n’est pas rentable. Pour notre cas, il faudra faire un choix. Je pense qu’on ouvrira seulement Yka le midi et Le Miraflores le soir, avec une équipe réduite de moitié. On ne pourra pas garder tout le monde, mais là encore, il faut que l’État simplifie les procédures de licenciement”, affirme-t-il.
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Publié par Stéphanie Pioud
vendredi 17 avril 2020