Comment vivez-vous cette crise ?
Tout le monde est encore dans la sidération. Plusieurs collègues, comme moi, ont été propulsés maître d’école tout en devant gérer l’urgence. Avec mon frère Antoine, nous avons un restaurant et une épicerie. Nous nous sommes demandé si nous devions garder l’épicerie ouverte et faire de la vente à emporter mais nous avons eu peur de faire peser un risque sur le personnel. Nous avons fait le choix de tout arrêter. Tout a été mis en place pour protéger l’entreprise et les équipes. Nous sommes 13 personnes. La priorité va être de relancer l’activité quand le confinement sera terminé mais nous n’avons aucune visibilité de retro-planning. On fera au jour le jour, sachant que pour nous, les mois de juin, juillet et août sont traditionnellement les plus faibles en termes d’activité… Nous devions ouvrir un autre établissement en septembre, mais cela ne sera pas faisable. Les services administratifs sont mobilisés autour du Covid-19 et les artisans ne pourront pas tenir les délais.
En tant que dirigeant syndical, quels sont les priorités ?
Au GNI, nous diffusons un maximum d’informations, en insistant sur tous les contacts locaux qui pourraient aider les professionnels. Les cas particuliers sont nombreux. Ceux qui avaient une activité de vente à emporter s’interrogent sur le fonctionnement dans un contexte sanitaire si particulier. Nous avons un bel élan de solidarité des hôteliers qui proposent de l’hébergement aux personnes dans la précarité notamment. Nous avons des petits groupes d’indépendants qui se sont formés sur différents réseaux sociaux pour s’entraider, comme aller vérifier les établissements. La plupart des chambres froides étaient pleines quand la mesure de fermeture est tombée. Pour écouler les stocks, certains proposent de confectionner gratuitement des repas pour le personnel soignant, les policiers, etc.La solidarité se met en place, chacun tente d'aider à sa manière.
Vous avez d'ailleurs lancé un appel sur les réseaux sociaux...
Les restaurateurs ont des masques dans leurs armoires à pharmacie et des gants en latex dans leurs armoires qui pourraient être donnés au personnel soignant ou à ceux qui en ont besoin actuellement. Je suis en contact avec le maire adjoint de Toulouse pour voir comment on va pouvoir organiser cette collecte. C'est un petit geste mais qui me paraît nécessaire. Au pic de la crise, personnellement, je n’exclue pas de relancer ma cuisine une fois par semaine, je pourrais réaliser 60 à 70 repas pour le personnel soignant par exemple. En revanche, tout cela demande à être organisé un peu en amont. J’ai un professionnel qui a fermé ses restaurants mais pas son activité de grossiste en poissons afin de continuer d’alimenter la restauration collective.
Vous aussi vous êtes stupéfaits par l'attitude des assureurs ?
L’ensemble des banquiers semble jouer le jeu mais la grosse surprise vient des assureurs. De nombreux professionnels ne comprennent pas comme cet adhérent qui a contacté son agent d’assurance pour la couverture de la perte de stock liée à la fermeture. Quand son agent l’a rappelé, il lui a lu une clause qui indiquait que si d’autres établissements avaient fermé dans la région pour les mêmes raisons, il ne pouvait pas bénéficier de l’assurance. On marche sur la tête.
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Publié par Sylvie SOUBES
