Comment votre association réagit-elle à la crise ?
Nous avons très rapidement créée une hotline, ouverte de 9h à 18h (01 53 63 00 77) dédiée à tous les Maîtres Restaurateurs. Les adhérents ont aussi un accès intranet sur notre site. Ne pas laisser les gens sans réponses face aux nombreuses questions qu'ils se posent dans la situation actuelle est essentiel, tout comme il est important d'échanger entre nous. Nous nous sommes mobilisés pour apporter des paniers repas au personnel soignant et nous avons organisé cette chaîne d’entraides sous la bannière : Nos Maîtres Restaurateurs cuisines pour nos soignants. Depuis le 1er avril, nous livrons de bons petits plats notamment aux CHU de Reims, Montmirail, Épernay ainsi que les Ehpad d’Aÿ et d’Avize. Les plats sont préparés et livrés gratuitement. Pour acheter les matières premières, nous avons lancé une cagnotte en ligne. Plus le montant de la cagnotte sera important et plus nous pourrons étendre l'opération aux autres régions. Nous avons aussi signé un partenariat avec la FNSEA et avec les Jeunes agriculteurs, les Maîtres Restaurateurs ont soutenu la réouverture des marchés dans les bourgades dépourvues de commerces. Nous voulons aussi lancer une pétition à l’attention des grandes surfaces, qui continuent d’ouvrir et de vendre, pour qu’elles accompagnent les restaurateurs les plus fragiles lors de la reprise. Les grandes surfaces ont fait des hausses de chiffres d’affaires importantes et il serait légitime qu’elles fassent un geste à l’égard des petits restaurants.
Une start-up vient de faire un don de 20 000 euros à l'AMFR, dans quel esprit ?
Choco est effectivement une jeune pousse de la Foodtech qui a lancé mi-mars ‘Mon marché Choco’, qui a permis aux particuliers de se faire livrer directement chez eux les aliments frais destinés aux restaurateurs. L’opération, qui a pour objectif de soutenir les fournisseurs et les restaurateurs, se poursuit jusqu’à la fin du confinement. Grace aux bénéfices de cette opération solidaire, Choco a décidé de faire un de faire un don de 20 000 € pour soutenir les Maîtres Restaurateurs de l’AFMR. Cette somme viendra renforcer les actions déjà engagées mais sera aussi sans doute consacrée au financement d’une partie des frais de labellisation Maîtres Restaurateurs à des professionnels qui n’auront pas les moyens de le faire. La plaque « Maître Restaurateur » garantie que la carte entière respecte tous les aspects de la cuisine à partir de produits bruts et apporte la certitude au client d’être dans un établissement d’excellence. Il faut aussi penser à l’après.
Vous êtes propriétaire exploitant du restaurant le Mesturet à Paris. Comment vivez-vous personnellement cette crise ?
Il y a effectivement une grande différence entre les messages volontaristes du Gouvernement et celui des banques. Le PGE est un prêt qui répond à une situation inédite or les banques appliquent des méthodes traditionnelles. Il faut passer par la commission des engagements ou des risques selon les banques. Ce sont elles qui décident si elles vont vous prêter de l’argent et ce, malgré la garantie de l’Etat qui est de 90%, et sa volonté d’accompagner toutes les entreprises. Toute la restauration, que ce soit à Paris comme dans les grandes villes, a une trésorerie dégradée. Cela a commencé avec les attentats, ensuite les mouvements sociaux à répétition puis les deux mois de grèves des transports. Personnellement, j’ai perdu 450 000 de chiffres d’affaires sur 18 mois. Mon restaurant est ouvert 7 jours 7 et nous sommes 28 personnes. J’ai demandé 250 000 euros de prêt et on m’a accordé 120 000 euros. Je peux tenir un mois, c’est tout. Que va-t-il advenir ensuite ? J’ai 45 ans de métier et cela fait 30 ans que je suis chef d’entreprise mais jamais la profession n’a vécu pareille incertitude.
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Publié par Sylvie SOUBES