L'Hôtellerie Restauration : Dans quel état d’esprit abordez-vous cette rentrée ?
Cyrille Jeannes : Nous sommes dans l’attente de la prochaine note sanitaire. C’est elle qui va nous donner la direction à suivre et les mesures à prendre quant à l’organisation et l’agencement des salles de cours. Pour le moment, nous ne savons rien.
Cela vous inquiète-t-il ?
Ce qui nous inquiète le plus, c’est qu’aucune disposition n’a encore été prise concernant les internats. Or, si je prends l’exemple du lycée hôtelier de La Rochelle [Charente-Maritime, NDLR], 70% des effectifs sont des internes dans le secondaire. Et, du confinement jusqu’en juin dernier, sur les 300 élèves internes que nous avons d’habitude, nous n’en avons gardé que 100 au lycée. Nous ne pouvons pas recommencer ainsi en septembre. C’est impossible et impensable, de surcroît avec un tiers des effectifs qui sont de nouveaux élèves : on ne peut pas démarrer une année scolaire en télétravail avec des jeunes que l’on n’a jamais vus.
Justement, dans un tel contexte comment faire pour remobiliser les jeunes ?
Nous allons rouvrir les cuisines du lycée, reprendre les travaux pratiques et cela va remotiver les élèves. Des élèves qui sont restés mobilisés depuis le confinement : les professeurs de cuisine leur envoyaient des recettes et nous avons reçu énormément de photos de plats que les jeunes réalisaient chez eux. J’en profite pour saluer l’engagement des enseignants, durant le confinement et les semaines qui ont suivi : ils se sont donnés à fond avec un suivi des élèves, de grande qualité. Toutefois, le travail à distance, ça fonctionne un temps, mais à long terme, je n’y crois pas. Les jeunes aiment la pratique : ils s’inscrivent pour ça dans un lycée hôtelier.
Les périodes de stages des jeunes ont-elles pu être reportées ?
Les stages de BTS ont tous été reportés en septembre. Même scénario pour les élèves de terminale bac pro, à une nuance près : d’habitude, la moitié d’entre eux partent à l’étranger. Cette année, ils feront tous leur stage en France. Par ailleurs, au lycée de La Rochelle, il est possible que la formation BP gouvernante d’hôtel – qui compte 12 places – ne soit pas assurée, car, excepté La Réserve, les palaces parisiens n’ont pas rouvert. Or, c’est là que les apprentis font leur alternance.
Restez-vous optimiste ? Allez-vous quand même organiser le congrès annuel de l’Aflyht ?
Je suis naturellement optimiste ! On peut faire une rentrée tous masqués, ce sera à moindre mal. Quant au prochain congrès de l’Aflyht, il est prévu du 24 au 26 mars 2021 à Limoges [Haute-Vienne]. Là, nous donnerons la parole à ceux qui ont fait des expériences pédagogiques intéressantes pendant la crise sanitaire.
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Publié par Anne EVEILLARD