Le confort d’un lieu se mesure à la profondeur d’un canapé, au moelleux d’un lit ou d’un coussin, mais aussi à ses sources de lumière. Surtout si celle-ci n’est pas naturelle. Dans ce domaine, architectes et architectes d’intérieur redoublent d’imagination pour éviter de donner un teint blafard au client face au miroir d’une salle de bain ou à l’heure du petit déjeuner.
• Créer une atmosphère pour susciter une émotion : c’est le parti pris qui se détache à l’orée des années 2020. À partir de ce principe, tout est possible : la douceur d’un éclairage ou, au contraire, l’inattendu d’un effet de lumière colorée. En revanche, pas question d’agresser. Dans un travail comparatif qu’elle a réalisé entre le wagon-bar du TGV et celui de l’ICE - train à grande vitesse de la Deutsche Bahn -, Kim-Janina Janetzke, étudiante allemande en échange Erasmus avec l’Esthua à l’université d’Angers (Maine-et-Loire), s’est intéressée à l’éclairage proposé dans ces deux espaces.
Bilan de ses observations : si les lumières douces du wagon-bar à l’allemande “donnent envie de s’attarder à table”, en revanche les lumières crues du bar version TGV “incitent plutôt à retourner s’asseoir à sa place”. Un constat qui fait écho au résultat de l’étude FSV – Paroles de Millennials, en mars 2017, selon laquelle “l’ambiance est le troisième critère de choix d’un restaurant chez les Millennials et le critère n° 1 quand ils se rendent dans un bar”.
Pour répondre à cette attente, de plus en plus d’hôtels, bars et restaurants jouent avec les éclairages indirects. À l’instar du travail réalisé par Chloé Nègre dans la salle de petit déjeuner de l’hôtel Bienvenue, à Paris (IXe). “L’éclairage de cette salle à manger, c’est celui d’une maison. Pas de spots encastrés, mais des lustres et des appliques, dont une sur un miroir qui, de surcroît, reprend la lumière de l’extérieur et reflète le jardin”, explique-la designer d’intérieur. Une façon de créer à la fois de l’intimité et de la chaleur, une ambiance unique et de l’‘instagrammable’ : en effet, proposer une expérience inédite incite les clients à montrer, poster, commenter, ce qui offre une visibilité supplémentaire au restaurateur ou à l’hôtelier.
• Privilégier le facile à vivre: c’est le mot d’ordre, à l’heure de la domotique et de la numérisation. Tout doit pouvoir se mettre en marche, s’arrêter, se régler de façon simple, instinctive, parfois à partir d’une tablette tactile. Quand un budget dédié à des travaux ou à une rénovation le permet, architectes et architectes d’intérieur recommandent, en plus des éclairages indirects, de jouer avec les variateurs, afin de faire évoluer la lumière au fil de la journée et de la soirée. À titre d’exemple, c’est ce que les architectes d’intérieur Dorothée Delaye et Daphné Desjeux ont préconisé à l’hôtel Snob, à Paris (Ier).
• Miser sur le durable: proposer des solutions d’éclairage ‘bonnes pour la planète’, c’est de bon ton à l’aube des années 2020. Dans ce contexte, les ampoules LED ont la cote. Et pour cause : elles supportent les allumages répétés, résistent aux chocs, au froid, chauffent peu, consomment peu d’électricité - six fois moins qu’une lampe halogène- et durent quelque 40 000 heures. Des atouts qui compensent leur prix d’achat plus élevé que la moyenne des ampoules. Quant aux fluocompactes, elles s’allument progressivement et trouvent toute leur pertinence dans des pièces qui restent longtemps éclairées : escaliers, locaux de service, bar, restaurant… Ajoutons à cela les détecteurs de présence, destinés à ajuster l’éclairage en fonction de l’occupation d’une chambre ou d’un couloir. Enfin, citons le cas de l’hôtel La Monnaie, situé à deux pas du port de La Rochelle (Charente-Maritime) : son module de réservation client, couplé à la gestion énergétique de chaque chambre, déclenche et programme la température idéale dans les plages horaires d’arrivée.
Publié par Anne EVEILLARD