Denis Cippolini : "Les droits de succession sont le pire impôt pour les établissements familiaux en zone rurale"

La Fédération hôtellerie, restauration, tourisme, Nice Côte d'Azur, se réunit la semaine prochaine en assemblée générale. Son président, Denis Cippolini, qui est également vice-président de la région Paca, fait le point.

Publié le 24 mai 2019 à 15:40

Pourquoi cette structure ?

J’ai été élu en 2016, avant les attentats de Nice, à la tête du syndicat des hôteliers de Nice. Les événements qui nous ont touchés, avec l’expérience parisienne, n’ont fait que renforcer cette conviction : nous devons travailler ensemble pour être fort. Les championnats d’Europe de cyclisme qui devaient avoir lieu à la rentrée 2016 à Nice ont été annulés pour des raisons de sécurité. Le marathon entre Nice et Cannes ne devait pas l’être. Il s’agissait de l’économie locale et de son image. La verrerie de Biot et les agences de voyage ont frappé à notre porte pour discuter. Rester dans la seule défense des hôteliers limitait le champ des possibles, sachant aussi que plus de 60% des hôteliers de notre département sont restaurateurs. Pour les plagistes, la restauration est essentielle. La Fédération hôtellerie, restauration, tourisme Nice Côte d’Azur est née dans cet esprit qui est de fédérer, et travailler, avec tous les acteurs du tourisme.

Votre champ d'action ?

On parle beaucoup du littoral, mais pas suffisamment du moyen et haut pays, qui ont d’autres besoins et qui ont eux aussi du potentiel. Les leviers établis dans le cadre des assises de la ruralité de l’Umih m’ont permis d’aller voir l’association des maires ruraux avec des réponses que je n’avais pas forcément avant. Par vallée, des professionnels ‘référents’ ont été nommés qui relayent les problèmes spécifiques à chaque territoire. Nous nous engageons avec les élus pour l’activité et l’attractivité, et les sujets sont vastes, de la couverture numérique jusqu’à la nécessité d’indiquer sur l’autoroute les fresques rupestres de la vallée des merveilles qui est la dernière vallée avant l’Italie en passant par la création d’une 6ème catégorie d’ERP réclamé par la vallée du Var ; un hôtel de 15 chambres ne peut pas supporter les mêmes règles qu’un hôtel de 100 chambres... Nous sommes dans une démarche pragmatique, de construction en fonction des besoins. Je pense qu’il faut accompagner les professionnels dans leur activité, qu’elle soit rémunératrice, créatrice d’emplois et permette à la ruralité d’exister pleinement. Juste cet exemple : en Autriche, les droits de succession sont exonérés si les descendants investissent  dans l’affaire familiale. Les droits de succession sont le pire des impôts pour les établissements familiaux en zone rurale.

Et les OTA dans tout ça ?

Nous ne sommes pas contre Airbnb, mais nous voulons que les règles du jeu soient les mêmes pour tous. A Nice, le nombre de mise en locations de courte durée équivaut à 30 hôtels Méridien. Sur la Côte d’Azur, le nombre d’offres équivaut à 250 millions d’euros de chiffre d’affaires mais les plateformes ne sont pas soumises à la TVA parce qu’elles ne font que de la mise en relation… Nice a été la première ville à mettre en place le numéro d’enregistrement et elle a délibéré sur les changements d’usage. Nous connaissons un véritable problème de logement, notamment pour loger nos actifs. Je n’ai jamais vu Airbnb sur un salon professionnel alors qu’ils se servent du travail de promotion que nous effectuons. A Nice, la collecte de la taxe de séjour s’élève à plus de 8 millions d’euros et Airbnb se gausse d’avoir collecté 1 million d’euros. Si on fait le ratio, le calcul n’est pas bon.

La clientèle d'affaires est essentielle selon vous aux différents territoires...

Nice Côte d’azur représente la 2ème destination touristique française après Paris et sa région, avec une activité à l’année et plus de 650 hôtels. A Nice, il y a 15% d’emplois saisonniers et 85% d’emplois à l’année, et le taux d’occupation moyen est de 54% en hiver. Ce qui veut dire qu’une chambre sur deux est à la vente, donc que nous sommes en capacité de répondre aux demandes de nouveaux congrès. Nous faisons désormais partie de Convention Bureau, le bras armé de la ville de Nice. Il est impératif de travailler avec les offices de tourisme et Acropolis attirer durablement la clientèle d’affaires. 90% des hôtels de la ville seront prochainement irrigués par le tram à destination du Palais des congrès. Un Palais des expositions doit voir le jour à proximité de l’aéroport entre 2023 et 2024 avec une gare bus, tram et train. Ce site doit devenir le pôle des expositions de la Côtes d’Azur. Mais il ne s’agit pas uniquement de Nice. Nous devons pouvoir concurrencer des villes comme Barcelone, Munich ou Milan, avec la mise en place d’un outil Côte d’Azur tout en conservant l’identité de nos différents pôles congrès. A Barcelone ou à Munich, les congressistes n’hésitent pas à aller dans des hôtels situés à 70 ou 80 kilomètres.

#Nice# Denis Cippolini #OrganisationPatronale# UMIH


Publié par Sylvie SOUBES



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