S'il faut rendre hommage au sens aigu de l'observation de Pierre Moscovici, locataire de Bercy depuis quinze mois, l'observateur le mieux intentionné ne pourra que s'étonner que de tels propos soient tenus par celui-là même qui est chargé de la conduite des finances publiques du pays et donc de sa fiscalité.
Après tout, si nos concitoyens éprouvent le pénible ressenti de se faire plumer comme des pigeons par le fisc, la responsabilité en revient, au moins en partie, à celui qui est toujours appelé notre Grand Argentier.
Il faut certes rendre hommage au titulaire du maroquin le plus difficile de tout gouvernement de tirer la sonnette d'alarme après des vacances qui lui ont permis de se ressourcer auprès de ses très chers électeurs, qui n'ont probablement pas mâché leurs mots pour lui exprimer tout le mal qu'ils pensent d'une politique fiscale fondée sur le 'toujours plus d'impôt'. Et faire preuve de réalisme mérite la considération de l'opinion en ces temps où la com' tient trop souvent lieu d'argumentaire définitif.
Pierre Moscovici, au contact de ses concitoyens, s'est probablement souvenu des cours qu'il dispensa naguère aux étudiants de l'ENA, qui apprennent tous que 'trop d'impôt tue l'impôt'.
Et la liste est longue, de la hausse de la TVA au gel du barème de l'IRPP en passant par la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires, des mesures prises depuis l'an dernier qui finissent par exaspérer le plus docile des contribuables.
Et comme il est aussi bon historien, le ministre de l'Économie s'est évidemment rappelé que les révolutions ont souvent pour point de départ une révolte fiscale. Déjà, en 1786, Turgot l'écrivait à Louis XVI, qui aurait mieux fait de l'écouter.