Il n'en est hélas rien, et après une trop passagère lueur d'espoir, le cancer du sous-emploi a repris sa sourde progression, gangrénant des pans entiers de l'économie, ravageant les délicats équilibres de certaines régions, continuant son lent travail de sape de l'industrie nationale. Faut-il alors se contenter du désabusement exprimé il y a plus de vingt ans par le président François Mitterrand, qui constatait déjà devant les implacables statistiques que "contre le chômage, on a tout essayé". Il est vrai que deux décennies après, il est encore tentant de se décourager face à un fléau de cette ampleur.
Et pourtant, paradoxe des paradoxes, sur les trois derniers mois de l'année 2013, plus de 132 000 emplois sont restés non pourvus, soit l'équivalent de plus de 10 % du nombre de chômeurs, selon une étude du Medef que nul ne remet en cause. Et l'observatoire patronal de préciser les secteurs les plus atteints par le phénomène, la profession en étant la principale victime, avec 13 726 emplois dans l'hôtellerie-restauration et 10 800 dans les cuisines qui n'ont pas trouvé preneur entre octobre et décembre de l'an dernier.
Certes, les causes de cette contradiction sont multiples, de l'absence de qualification et de formation suffisantes des candidats aux contraintes propres aux métiers concernés, en passant par un déficit d'image, lié aux rémunérations et conditions de travail. Raison de plus pour tout mettre en oeuvre pour résoudre ce paradoxe : il n'est que temps pour les partenaires sociaux et les pouvoirs publics de mettre à plat notre système de formation professionnelle, initiale et continue, afin de garantir aux entreprises une main d'oeuvre qualifiée et aux salariés une adaptabilité à des fonctions aujourd'hui évolutives. Le plus gros chantier de l'année qui débute.
Publié par L. H.
jeudi 2 janvier 2014