La campagne est ouverte et il n'aura pas échappé aux restaurateurs qu'aucune mention de leur secteur d'activité ne semble avoir été introduite dans les programmes des candidats déclarés… En dehors d'un vague débat sur la TVA sociale qui concerne tous les acteurs économiques, ou de polémiques inutiles sur les rites d'abattage, notre secteur semble manifestement être éloigné de leurs préoccupations. Faut-il s'en réjouir ou s'en offusquer ? Après les polémiques soulevées par la baisse de la TVA dans la restauration, les restaurateurs avaient besoin de retrouver un peu de sérénité pour pouvoir inscrire leur action sur le long terme. Puisque les candidats semblent occulter sur le sujet, nous ne pouvons que nous en réjouir. Cela prouve que la raison l'a emporté et qu'un consensus semble s'établir autour de notre profession, principal créateur d'emplois, pour enfin reconnaître qu'elle ne peut pas être l'otage d'enjeux électoraux qui la dépasse.Par contre, je vous livre bien volontiers mes attentes vis-à-vis du prochain gouvernement. J'aspire tout simplement à la stabilité de notre environnement économique et fiscal. Il faut une fois pour toutes que ceux qui nous gouvernent arrêtent de penser que l'on peut sans cesse changer les règles du jeu. Nous avons bâti des choses très concrètes au cours de la mandature actuelle avec le Contrat d'Avenir. Nous avons – non sans difficulté et sans sacrifice – respecté les règles du jeu. Dois-je rappeler tous les engagements qui ont été respectés, voire dépassés, en termes d'emploi des jeunes, d'avantages sociaux pour nos collaborateurs, de baisse de prix au profit des consommateurs, d'engagements de nouveaux investissements ? Alors que nous ne demandons qu'à poursuivre dans cette voie, nous avons tout récemment subi une première anicroche avec le passage de la TVA à 7%.
Les restaurateurs ne demandent rien. Ils veulent juste travailler, progresser, sans se voir imposer de nouvelles réglementations à tout va. Mon message n'est rien d'autre qu'un message libéral et de responsabilité. Quelle que soit la tendance politique du prochain gouvernement, il serait souhaitable qu'il se préoccupe avant tout de ses missions régaliennes et qu'il fasse confiance aux professionnels que nous sommes, qui n'ont pas d'autre issue que de progresser s'ils veulent répondre aux exigences de leurs clients.
Nous avons en France cette fâcheuse manie de tout vouloir réglementer : un jour la qualité, un autre la fiscalité… Au lieu de nous faire progresser, ce trop plein de règlementation tue l'initiative individuelle, alors que nos professionnels ont un réel savoir-faire. Nous n'avons pas besoin de tutelle pour progresser dans le bon sens, mais de liberté car nous sommes une profession responsable. La signature récente d'un accord avec nos partenaires sociaux sur les salaires et la prime TVA en est l'illustration : sur des sujets importants, nous sommes capables d'avancer, unis, sans que l'on nous prenne par la main.
Quand nos hommes politiques auront compris qu'il faut arrêter de légiférer sur la qualité, la fiscalité,… pour se consacrer davantage à l'éducation, la formation initiale, la valorisation de l'emploi, peut-être que notre profession aura retrouvé un peu de sa liberté et toute sa légitimité !
Publié par Propos recueillis par Sylvie Soubes