"Les carcasses de homards sont transformées en bisque"
"C'est une question d'éducation", commente Nicolas Decker. Pour le propriétaire-dirigeant de L'Hostellerie & spa La Cheneaudière à Colroy-la-Roche (Bas-Rhin), s'il explique à ses enfants qu'il vaut mieux recycler que de jeter, "il me paraît normal de transposer ce parti pris dans mon entreprise". Ainsi, dans son établissement, les légumes qui restent "passent en purées", "le pain dur est donné aux animaux des agriculteurs, les carcasses de homards sont transformées en bisque, les épluchures sont utilisées pour faire du compost, les viennoiseries en trop sont distribuées au personnel…" Un personnel qui doit jouer le jeu. Il faut, en effet, le sensibiliser "au coût d'achat des matières premières, à l'impact du gaspillage, à une bonne gestion des stocks, à la surveillance accrue des produits fragiles", souligne le guide de l'Umih. Le patron de La Cheneaudière ajoute travailler "en flux tendus" : "On ne stocke pas. Le producteur de lait passe chaque matin, nous faisons notre pain, notre foie gras… Même les chocolats offerts en chambre sont réalisés par un artisan qui nous livre tous les dix jours."
"Les économies réalisées sont réinvesties"
Car la chasse au gaspillage alimentaire concerne aussi l'hôtellerie. La direction du développement durable du groupe Accorhotels veille, par exemple, sur les conditions de maintien en température des buffets. À Auckland (Nouvelle-Zélande), un chef utilise les pelures d'oranges pour faire la marmelade servie au petit déjeuner. Un autre prépare de la feta à partir du lait qui n'est pas consommé le matin…
"Rien ne se perd, tout se transforme." Telle est la devise de Christophe Hay, chef 1 étoile Michelin de la Maison d'à côté, à Montlivault (Loir-et-Cher). Avec ses deux potagers, il mise sur des produits de saison et une empreinte carbone limitée. Un choix juste et source d'économies. "Les économies réalisées sont réinvesties dans des produits de qualité", explique Nicolas Decker. La boucle est bouclée. Quant à la 12e édition du festival Omnivore Paris, du 5 au 7 mars à la Maison de la mutualité (Ve), elle proposera un menu "100 % nature et zéro carbone".
Publié par Anne EVEILLARD
mardi 14 février 2017