Les restaurateurs directement situés à l’intérieur ou en face de la gare Bordeaux Saint-Jean sont particulièrement impactés par les grèves de ces dernières semaines, qui les privent de clients. Tous enregistrent une baisse notable de la fréquentation. “Sur décembre, nous sommes à moins 40 % de chiffres d’affaires par rapport à un mois de décembre classique. Nous avions un projet d’embauche, mais n’avons pas pu poursuivre la période d’essai, se désole le directeur de salle d'une grande brasserie face à la gare. Nous essayons de faire prendre des congés à notre personnel, mais certains n’ont pas assez d’ancienneté. À ce jour, nous avons une visibilité sur trois mois, après… on ne sait pas.En outre, les clients sont de mauvaise humeur, ils sont exaspérés par les grèves et n’arrivent pas chez nous dans l’idée de se faire plaisir. Ils commandent le minimum, et le ticket moyen s’en ressent. Tout cela joue sur le moral de l’équipe.”
Mise en liquidation
Pour cet autre restaurateur qui exploite un établissement familial, ces grèves sont la goutte d’eau de trop : il a décidé de vendre son restaurant. “Notre chiffre d’affaires est réduit de 50 % par rapport à décembre 2018, sachant que cette année là avait déjà été impactée par le mouvement des gilets jaunes. Les manifestants représentent un quart de ma clientèle. Là, c’est l’horreur, on survit. Nous avons dû licencier et nous mettre en liquidation judiciaire pour éviter la pression des financiers”, indique le gérant, qui souhaite rester anonyme par crainte d’éventuelles dégradations sur sa vitrine.
Le 9 janvier, jour de la grande mobilisation, un syndicat a coupé le courant à la gare et dans une partie du quartier : “C’est arrivé trois fois, lors des trois grosses journées de grève. L’électricité est coupée à 11 heures et reprend vers 14-15 heures, donc le service est fichu, on ne peut pas travailler. Ce midi là, j’ai dû refuser 50 personnes. Habituellement, nous accueillons de 60 à 100 clients, notre établissement fonctionnait bien. Nous avions un autre restaurant dans le centre, que nous avons dû fermer”, ajoute-t-il. Suite à ces différentes pressions, ce restaurateur, écœuré, a décidé de quitter le métier pour s’orienter vers une activité touristique à la campagne, et ne plus avoir le sentiment d’être pris en otage.
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Publié par Laetitia Bonnet Mundschau