C’est une année sinistrée pour l’hôtellerie française. En 2020, la crise sanitaire a paralysé le secteur. Confinements, périodes de couvre-feu, touristes absents et clientèle d’affaires en effectif réduit ont engendré un RevPAR des établissements, ouverts et fermés, en recul de 55 %. Quant au taux d’occupation moyen, il a été divisé par deux. Tels sont quelques-uns des constats du Baromètre des performances hôtelières en France, que le cabinet In Extenso - Tourisme, culture & hôtellerie (TCH) vient de publier. Même la bonne saison estivale, en particulier sur les littoraux et en régions, ne permet pas de redresser la barre. La Côte d’Azur, par exemple, accuse une baisse de 65 % de RevPAR en 2020. Elle se retrouve juste derrière Paris, dont le RevPAR recule de 74 % par rapport à 20219. La capitale souffre. Le baromètre In Extenso fait état d’une occupation moyenne de 13 % en décembre 2020 dans l’hôtellerie parisienne, contre 71 % en 2019. Et côté tarifs, le prix moyen à Paris, qui atteignait 145 € HT en décembre 2019, est à 118€ HT un an plus tard.
“Une reprise en 2024 pour le haut de gamme”
Dans un tel contexte, auquel s’ajoutent les incertitudes de la crise sanitaire, difficile de se projeter. Olivier Petit, associé chez In Extenso TCH, évoque néanmoins “une reprise en 2023 pour les hôtels économiques et en 2024 pour le haut de gamme”. Deux années assorties de deux événements de taille, en France : la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux Olympiques en 2024. D’ici là, il faut s’adapter, faire preuve de flexibilité, anticiper les réponses à de nouveaux besoins de la part des clients. De quelle façon ? “En misant sur le digital, le développement durable ou encore en proposant de nouvelles offres face à la généralisation du télétravail”, suggère l’économiste Béatrice Guedj, responsable recherche & innovation chez Swiss Life Asset Managers France.
Quant à ceux qui redoutent une décote des établissements, Frédéric Josenhans n’y croit pas. Le président et directeur de Grape Hospitality Group & France Hostels reconnaît que les financements, plus difficiles à obtenir, font diminuer le nombre d’acheteurs. “Mais les actifs ne sont pas bradés”, confirme Olivier Petit. Le consultant parle d’opportunités. De surcroît “avec des banquiers à l’écoute, si stratégie et projection d’un projet hôtelier diluent la prise de risque”, complète Jean-Baptiste Martin, co-fondateur et directeur de Suitcase Hospitality. Seul bémol : “Quid de la rentrée de septembre ?”, s’interroge Olivier Petit. En particulier à Paris, où l’offre hôtelière ne cesse de grossir, “alors que la demande sera encore molle, sans la clientèle internationale”. Le consultant craint alors “une guerre des prix”. Mais qui dit baisse ou tassement des tarifs, dit aussi plusieurs mois, voire années, avant de retrouver les valeurs de 2019.
Publié par Anne EVEILLARD
mardi 9 février 2021
mardi 9 février 2021
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