“L’hôtellerie et le tourisme ont de beaux jours devant eux.” Philippe Gauguier, d’In Extenso Tourisme, Culture et Hôtellerie (TCH), a inauguré la conférence sur les tendances de l’hôtellerie, le 10 février, organisée au Palais Brongniart par Deloitte et In Extenso, avec des propos des plus rassurants. “2022 a été l’année des bonnes surprises”, s’est ensuite réjoui Olivier Petit, associé In Extenso TCH. Si les taux d’occupation sont en baisse de 6 % sur l’année par rapport à 2019, les prix moyens ont augmenté de 16 %, ce qui a généré un chiffre d’affaires hébergement en hausse de 9 % tous secteurs confondus. Les catégories haut de gamme et luxe sont les grandes bénéficiaires de ce rebond, plus fort qu’espéré, avec des prix moyens en hausse de 27 %, “des niveaux complètements inédits”, insiste l’expert, avec une reprise plus rapide à Paris et sur la Côte d’Azur.
Plusieurs raisons expliquent ces bons résultats : un marché domestique fort auquel s’ajoutent le retour des clientèles britannique et américaine, l’augmentation de la demande pendant les vacances d’hiver et d’automne, le développement du bleisure (mélange de voyage d’affaires et de loisirs) ou encore la poursuite du revenge travel (voyage de vengeance) post-Covid.
Les experts confiants pour 2023
Ces bons résultats laissent-ils augurer une bonne année 2023, face difficultés économiques - augmentation des coûts de l’énergie, des matières premières et des taux d’intérêt, difficultés de recrutement –, sanitaires et géopolitiques ? Les experts présents lors de conférence sont confiants sur la capacité du marché à résister aux turbulences, notamment en France, considérée comme une destination privilégiée dans le tourisme mondial.
“Je veux faire passer un message structurellement très positif, même s’il doit être nuancé par des risques liés à la volatilité persistante sur les marchés boursiers, une inflation qui sera structurellement plus élevée et les tensions géopolitiques, insiste Béatrice Guedj, directrice de la recherche et de l’innovation pour Swiss Life Asset Managers France. L’hôtellerie sort gagnante de la crise sanitaire, car on constate aujourd’hui que toutes les classes d'actifs - bureaux, secteur résidentiel… - veulent faire de l’hospitality en copiant ce que l’hôtellerie sait faire en matière d’expérience et d’orientation client.” De plus, prévoit l’experte, la demande touristique se renforcera en Europe du Sud – France, Italie, Espagne – grâce au développement du bleisure et à la prise en compte des enjeux environnementaux, qui favorisera des séjours plus longs mais moins lointains.
Retour de la clientèle asiatique et d’affaires
Enfin, le marché hôtelier français devrait, cette année, bénéficier d’une conjoncture favorable. La reprise des séminaires est attendue pour 2023, tout comme le retour de la clientèle asiatique, notamment chinoise, qui manque toujours à l’appel, explique Aoife Roche, directrice commerciale senior pour STR, cabinet d’études spécialisé en hôtellerie. “Cela constituera un changement phénoménal à partir du second semestre”, a-t-elle assuré.
L’année 2023 sera aussi celle de la coupe du monde du rugby, qui se déroulera dans plusieurs métropoles de l’Hexagone, et devrait encore tirer les prix moyens vers le haut, en attendant les Jeux olympiques de 2024. Mais pour y parvenir, le secteur devra faire face à l’un de ses défis structurels, insiste Philippe Gauguier : le capital humain, et devra améliorer l’attractivité des métiers et la fidélisation des salariés. Des questions qui restent aujourd'hui sensibles pour un grand nombre d’hôteliers.
Publié par Roselyne DOUILLET