Marc Veyrat avait concrétisé son rêve. Après quatre ans d'absence aux fourneaux, en raison d'un grave accident de ski, il ouvrait en 2013, sur les terres de ses ancêtres, La Maison des bois et sa fondation, destinée à lutter contre la 'malbouffe', une grande fierté pour lui. L'établissement, avec ses 23 employés, comptait aussi plusieurs chambres et suites, classées 5 étoiles depuis octobre dernier. Marc Veyrat l'entrepreneur ne comptait pas en rester là. Des projets, il en avait encore plein la tête et comptait même s'agrandir.
Le coup a donc été rude quand l'incendie s'est déclenché dans la nuit du 16 au 17 mars, probablement d'origine électrique. Le chef n'a pu qu'observer, impuissant, le combat des sapeurs pompiers contre les flammes. Le toit, couvert d'une importante couche de neige a gêné les opérations de secours. Le bâtiment est toujours debout mais très endommagé.
"Ce restaurant, c'est mon coeur, mon patrimoine, ma vie. Je suis très touché, parce que c'est un bout de patrimoine, tant de choses qui se sont envolées." Passionné d'objets anciens et de meubles savoyards, le chef avait rassemblé une collection faisant référence dans l'art populaire. Le coup est dur à encaisser pour lui comme pour ses employés, tous très abattus. "C'est très difficile, car nous sommes tous attachés à l'établissement", explique Bruno Locatelli, son second.
"Rendez-vous début septembre"
Cependant, dès le lendemain de l'incendie, Marc Veyrat s'est dit prêt à repartir. Il envisage même une réouverture en septembre. Il faut dire que les messages de solidarité ont afflué. En moins d'une heure, sa messagerie a été bloquée. Et il y a eu tous ceux qui n'ont pas hésité à venir en personne, lui apporter leur soutien, lui proposer de l'aide. Clients, anciens employés et chefs étoilés ont accouru, dès qu'ils ont su. Emmanuel Renaut, Edouard Loubet, Jean Sulpice et quelques autres étaient là, pour entourer le chef.
"Tous ses anciens élèves, dont beaucoup sont étoilés, ont un devoir de mémoire envers lui. Nous lui devons beaucoup. Je crois en lui, nous sommes derrière lui pour le soutenir", confie Jean Sulpice, très vite arrivé sur place. Edouard Loubet, était présent lui aussi sur les lieux. "Je n'ai jamais vu le chef aussi touché et affaibli. Toute une vie de travail, c'est beaucoup d'émotion. Avec Manu Renaut, Jean Sulpice et quelques autres, on va se réunir, rassembler ses anciens élèves, et voir comment on pourra l'aider. Il va vite se redresser." Même sentiment pour René Meilleur, le nouveau chef savoyard, trois étoiles Michelin. "Nous devons être solidaires, le soutenir. Il a eu un grave accident, il s'est relevé. Alors, je suis sûr qu'après cet incendie, il va se relever encore. Nous avons le même âge, on a plein de choses à faire encore."
Quand on est de la montagne, on est habitué à se battre, a toujours dit Marc Veyrat. Le chef a repris du poil de la bête. À tous ceux qui l'ont soutenu, il confiait : "Le plus beau message, c'est votre soutien. Je vous aime. Rendez-vous début septembre." Le chef au chapeau a encore de belles pages gastronomiques à écrire.
Publié par Fleur Tari