Les clients ont-ils envie de dîner une fois par mois dans un restaurant plongé dans le noir ou dans un établissement qui accueille une clientèle nue ? Pas certain, en témoignent les cessations d’activité plus ou moins rapides des concepts trop audacieux. Mais pour Dinner in The Sky, entreprise belge fondée en mai 2006, l’histoire des repas dans le vide perdure avec un avantage notable : la capacité de repositionnement de ces événements nomades de Paris à Dubaï, d’Istanbul à Casablanca. Il faut aussi lire le succès de ce format dans l’enthousiasme des fondateurs, David Ghysels et Stefan Kerhofs, intarissables sur les anecdotes autour de ces repas au-dessus des plus beaux sites de la planète.
Des cuisiniers sanglés de harnais
“Face à la cathédrale d’Amiens, je vois débarquer d’une banale camionnette trois personnes en tenue de ville. Ils installent deux réchauds à gaz et commencent à peler des légumes tranquillement. Il est 11 heures, le repas est prévu à 12 h 30. Je me dis : ‘Aïe aïe aïe !’ Quatre heures plus tard, les 22 clients redescendent dithyrambiques. Je vais me présenter au chef et je m’excuse de la pauvreté des installations. Lui me remercie. Il me dit que c’est ça la vraie cuisine : ‘Il faut faire plaisir aux clients avec ce que l’on a.’ Il se présente et me dit s’appeler Alain Passard !”, s’amuse encore David Ghysels.
Les mises en place sont réalisées au sol mais le repas s’achève devant les invités, à 50 mètres de hauteur. Les cuisiniers sont debout, au centre de la table, sanglés à des harnais : “Ils ne sont pas au-dessus du vide puisqu’ils sont entourés par une rambarde, la table, et les convives.” La plupart du temps, Dinner in The Sky fait appel à des chefs étoilés du lieu où se déroulent les agapes suspendues. “Les clients les connaissent. Ils nouent une relation avec eux pendant le repas qui se prolonge souvent, dans les mois qui suivent leur expérience, dans le restaurant au sol du chef”, ajoute David Ghysels, qui conclut sur cette anecdote cocasse : “En 2014, à Bruxelles, le chef italien Giovanni Bruno, du Senzanome, se brûle en sortant une plaque de 22 filets de bars. Au hasard des ricochets, ils se sont retrouvés, le temps de sa chute, tels des poissons volants, dans le ciel de la Grand-Place. Heureusement, aucun badaud n’a reçu sur la tête un bar tombé du ciel car nous avons toujours un périmètre de sécurité au sol de 30 mètres sur 15 !”
#DinnerInTheSky# insolite
Publié par Francois PONT