L’Hôtellerie Restauration : Pouvez-vous nous présenter vos activités concernant le Pôle hôtellerie ?
Jean-Luc Guermonprez : Chaque année, le pôle hôtellerie de Vinci Immobilier construit ou réhabilite entièrement environ cinq hôtels en France. En 2019, nous avons enregistré le même rythme de croissance, en livrant quatre hôtels dont l’hôtel Innside by Melià de 265 clés pour Aéroports de Paris à Roissy-Charles de Gaulle, ainsi qu’un Ibis et un Novotel d’environ 75 clés chacun à Saint-Etienne pour un investisseur privé, et un Ibis Styles de 185 chambres à Paris, porte d’Italie, pour un autre franchisé Accor. Notre chiffre d’affaires annuel, en hausse de 155 %, oscille entre 75 et 100 M€. (…) Depuis la création de ce pôle en 2000, nous avons livré 70 établissements sur l’ensemble des segments en France. Malgré une conjoncture chahutée, l’activité hôtelière est restée dynamique avec des avancées significatives pour des développements futurs.
Quelles sont les attentes des clients hôteliers ?
Le secteur est caractérisé par de plus en plus d’hôtellerie de chaîne, de franchisés et l’émergence de concepts disruptifs. Ces fondamentaux ont été durement touchés par la crise sanitaire du Covid-19, et nous avons vu pour la première fois les hôtels fermer. (…) Le profil des investisseurs a changé : aujourd’hui, ce sont notamment des franchisés qui investissent dans les murs et le fonds de commerce, et qui gèrent en direct leur exploitation. (…) La force du pôle hôtellerie tient à sa place de référent sur le marché hôtelier et à sa capacité à tisser des liens de confiance avec les investisseurs et les partenaires. À titre d’exemple, l’Okko Hôtel de Nanterre [Hauts-de-Seine], de 184 chambres sur neuf étages, est le quatrième hôtel réalisé avec cette enseigne. Un établissement vendu à un investisseur institutionnel, aussi acheteur de l’Okko Hôtel de Lille.
Quels seront les défis de demain ?
La crise sanitaire a bouleversé le secteur, mais les hôteliers (…) se mobilisent aujourd’hui afin de recréer l’offre, qui se doit de garantir la sécurité sanitaire. La reprise a démarré par l’hôtellerie économique. Les segments luxe et palace, qui dépendent de la clientèle internationale, seront les derniers à rouvrir. Nos clients pensent déjà à de nouveaux projets.
Quelles sont les dernières tendances et contraintes du marché ?
Il existe une tension très forte sur les fonciers en France, d’autant plus que l’immobilier hôtelier n’est pas forcément le secteur le plus attractif pour un vendeur de terrain. (…) Par ailleurs, l’arrivée de nouveaux produits d’hébergement vient concurrencer l’hôtellerie. Airbnb se développe ainsi bien plus vite que le marché hôtelier avec 80 000 chambres et appartements proposés en moins de cinq ans sur Paris, à comparer avec 1 000 nouvelles chambres par an pour les hôtels dans la capitale, dont le parc s’élève à 85 000 chambres environ. Les produits hybrides comme les auberges de jeunesse, le coliving qui mixte le logement et l’hôtellerie, viennent aussi empiéter sur le marché. Néanmoins, nous devrons voir comment ces produits hybrides surmontent ou non, la crise actuelle.
Qu’en est-il de vos projets à court et long terme ?
L’année 2020 s’inscrit dans la même dynamique que 2019 mais sera marquée par les mois de confinement. Plusieurs livraisons importantes rythmeront 2020 et 2021, dont l’hôtel 5 étoiles Kimpton Paris-Opéra, situé boulevard des Capucines à Paris, et le Novotel Paris-Belleville. Nous avons conclu pendant le confinement la vente en l’état futur d’achèvement de l’hôtel 2 étoiles Nuée Bleue de 116 chambres, en plein centre-ville de Strasbourg.D’autres projets sont en développement à un horizon plus lointain. Le rythme de développement de nouveaux projets se fera en fonction de la conjoncture.
Publié par Mylène SACKSICK