La compétition avait commencé bien en amont avec les dossiers composés de deux recettes originales sur les thèmes du rouget et de la tartelette soufflée au chocolat. Mais aussi avec la rédaction d'un mémoire d'au moins 2000 mots sur le président du 1er concours Frédéric Anton. 43 candidats ont tenté leur chance. Le 24 juin, dans les cuisines de l'Ecole de gastronomie Ferrandi à Paris, six finalistes seulement restaient en lice. « Ils devaient réaliser pour 8 personnes, des amuse bouches sur le thème de l'oeuf de poule, puis un plat à base de rouget avec 3 garnitures, une libre de saison, une à base d'artichaut et l'autre à base de macaroni. Ce n'est pas si simple pour que cela s'harmonise avec le rouget. Puis le dessert servi à l'assiette, le tout en 5 h 30. Il fallait le faire ! Les plats étaient très beaux. Il y avait beaucoup de travail. C'est le goût qui a fait la différence », commente le président du jury Eric Fréchon. Les candidats devaient aussi choisir un vin en accord avec le mets et justifier leur choix devant Fabrice Sommier, MOF sommelier.
27 MOF étaient réunis pour cette remise de prix à l'Hôtel de Marigny. Sur l'estrade, une armée de cols bleu blanc rouge et quelques moments d'émotion avec notamment la remise de la grande médaille d'or des Cuisiniers de la République à Bernard Vaussion, chef des cuisines de l'Elysée, en compagnie de Joël Normand, son ancien chef. C'était aussi impressionnant pour les commis de Ferrandi qui ont été observés attentivement par le jury. Pauline Venangeon a reçu le prix du meilleur commis et gagne trois semaines de stage dans plusieurs palais de la République, entre l'Elysée, Matignon, le Sénat… Puis le palmarès a été dévoilé. Pascal Gayrard, président pour l'Europe du Sud de Métro Cash & Carry, a remis un chèque de 10.000 euros à Julien Roucheteau. L'entreprise avait également fourni à tous les candidats 5 paniers pour les entraînements et pour la finale.
La cérémonie s'est poursuivie avec l'arrivée du Président de la République, François Hollande, venu en voisin remettre le vase de Sèvres au lauréat et le féliciter. « Vous avez été élu », lui a lancé le président. « Les chefs d'Etat sont toujours impressionnés par le décor lorsqu'ils dînent à l'Elysée, puis par les plats que vous leur servez et je les sens toujours plus enclins à suivre les intérêts de la France à la fin du repas. Vous avez un rôle très important », a ajouté François Hollande qui a souligné l'importance du concours « cette belle initiative qui met en valeur tous les talents de la République ».
Pour Julien Roucheteau, le moment est intense et la victoire a du sens. « Je pense à mon épouse qui me soutient depuis 13 ans, mes enfants, et je remercie l'hôtel et mon équipe qui m'ont permis de participer au concours. Ils se sont relayés pour jouer le rôle de commis y compris la nuit pour les entraînements », confie Julien Roucheteau qui a commencé comme commis au Sénat avant de rejoindre Philippe Legendre au George V puis Michel Troisgros. « Ce concours, c'était une remise en question pour savoir où j'en étais. Je pensais sérieusement à me présenter au concours du meilleur ouvrier de France à la prochaine session. Maintenant, je sais que j'y vais », ajoute-t-il avec un grand sourire, trophée en main, et un jéroboam Duval-Leroy cuvée meilleur ouvrier de France en guise de clin d'oeil offert à tous les candidats.
Le 3ème Challenge de la République sera bientôt lancé. Seule certitude, le mémoire aura pour thème Eric Fréchon. Guillaume Gomez a prévenu le chef 3 étoiles du Bristol : «Cette année, une bonne dizaine de candidats se sont rendus au Pré Catelan pour faire des photos avec Frédéric Anton et obtenir des informations qui ne sont pas sur internet. Maintenant, c'est ton tour ».
Publié par Nadine LEMOINE