En se rassemblant au château de Fonscolombe, au Puy-Sainte-Réparade, le 29 septembre, les neuf finalistes du concours Un des meilleurs ouvriers de France de la classe sommellerie avaient tous le droit de se voir en haut de l'affiche le lendemain. Malheureusement, à l'heure de l'annonce du résultat le lendemain, seuls quatre d'entre eux ont laissé éclater une joie soulignée d'une grande émotion : Pascaline Lepeltier (Racines à New-York), Eric Goettelmann (Relais Bernard Loiseau à Saulieu), Jean-Baptiste Klein (La Table d'Olivier Nasti à Kaysersberg) et Nicolas Vialettes (Taillevent à Paris) rejoindront une famille qui compte déjà dix-neuf membres.
Ce palmarès s'accompagne de quelques enseignements. Tout d'abord, qu'il faut savoir ne pas renoncer puisque Eric Goettelmann (2007 et 2015) et Nicolas Vialettes (2015) avait connu l'échec en finale. Qu'il faut également être capable de se remotiver, à l'image de Jean-Baptiste Klein, écarté de la finale du meilleur sommelier de France trois semaines plus tôt. Et surtout, la confirmation que la sommellerie est un métier où les femmes trouvent de plus en plus régulièrement une place au sommet de la hiérarchie.
Ainsi, Pascaline Lepeltier ne s'est pas satisfaite d'être la première sommelière à atteindre la finale. Pour s'imposer, elle a dû retrouver les bases du travail à la française alors que, depuis neuf ans, elle vit dans le tempo américain. Aux États-Unis, elle a déjà décroché le titre de Master sommelier. Son succès a aussi valeur d'exemple. "En France il y a de nombreuses sommelières de tout premier plan et toutes ont les qualités pour se présenter à ce concours. J'accepte l'idée d'être un symbole pour toutes les jeunes filles dans les écoles hôtelières qui ont envie de pratiquer ce métier merveilleux."
Pascaline Lepeltier pourrait même enrichir encore son palmarès le 11 novembre prochain à Paris puisqu'elle est aussi sélectionnée pour la finale du meilleur sommelier de France. Elle retrouvera alors deux des candidats malheureux du MOF : Florian Balzeau et Pierre Vila-Palleja.
Le service final vaut la moitié des points en jeu
Cette finale, comme à chaque fois, avait tout d'un marathon. Le premier jour se sont succédé des épreuves de dégustation, de connaissances du vignoble, de gestion commerciale et même de réflexion sur les conséquences du réchauffement climatique. Le lendemain, trois nouveaux ateliers permettaient de juger la maîtrise des bases du métier du bar, de la qualité de l'accord mets-vins autour d'un plat signature d'Alain Senderens notamment jugé par Michel Trama, et enfin à nouveau de la maîtrise commerciale.
Mais le temps fort était le service du déjeuner. Chaque candidat, épaulé par un chef de rang et un commis sommelier issu du lycée hôtelier Bonneveine de Marseille, avait deux tables à gérer. Cette seule épreuve valant la moitié des points en jeu pour cette finale, on se doute qu'elle a fait la différence. Tous les finalistes l'ont vécue intensément. Mais certains, plus que d'autres, ont affiché avec justesse les éléments de notation attendus par le jury qui allait de la maîtrise du service à celle des accords mets-vins en passant, aussi, par la gestion de son duo d'adjoints. Tout cela sous le regard de Philippe Faure-Brac, président de la classe sommellerie, et de Serge Dubs, directeur du concours.
Publié par Jean BERNARD