Les conclusions des Assises du tourisme étaient très attendues par la profession. Les travaux, lancés en novembre 2013 par la ministre Sylvia Pinel, à la demande de Jean-Marc Ayrault, ont conduit à la mise en place de neuf groupes thématiques réunissant les différents acteurs de la filière : entrepreneurs, hôteliers, restaurateurs, syndicats patronaux et de salariés, représentants des administrations, des collectivités locales, d'associations d'élus, etc. Des réunions ont été organisées à Paris comme en région et les internautes ont été sollicités. Le tourisme, élevé au rang de « priorité nationale » par le président de la République, a bénéficié pour la première fois d'une réflexion d'envergure. L'enjeu est économique et crucial en termes d'emplois, puisque non délocalisables. Il y a longtemps que la profession le martèle... Le tourisme représente actuellement 12 milliards d'euros et si c'est « moins que la balance commerciale de l'aéronautique (…), c'est plus que l'agroalimentaire, la pharmacie ou les cosmétiques » a souligné Fleur Pellerin, secrétaire d'Etat à la promotion du tourisme et au commerce extérieur jeudi 19 juin, lors de la clôture des Assises. « C'est aussi un secteur à fort potentiel de croissance, car les opportunités sont énormes, avec plus d'un milliard de touristes supplémentaires d'ici à 2030 à travers le monde… ».
Ne pas rater le coche, se préparer, s'inscrire dans la concurrence mondiale tout comme changer le regard des français sur un secteur qu'ils sous-estiment souvent sont désormais à l'ordre du jour. Le dossier est porté par plusieurs ministres, transversalité oblige. Arnaud Montebourg, ministre de l'économie, Fleur Pellerin, Carole Delga, secrétaire chargée du commerce, de l'artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire et par Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Ce dernier l'a dit clairement, il faut faire de la France le « premier pays touristique au monde ». Cinq axes ressortent des travaux. La stratégie repose sur « une offre touristique de qualité et diversifiée, un accueil amélioré, le numérique au coeur du tourisme, le développement de la formation et des vacances largement accessibles ». Laurent Fabius l'a rappelé : « Nous ne devons négliger aucune clientèle, à la fois le haut de gamme, le tourisme de mémoire, des affaires et des salons, le tourisme gastronomique et oenologique, le tourisme de plein air, le tourisme culturel, le tourisme religieux, le tourismes des grands événements et du shopping… ». C'est l'ensemble des territoires qui sont concernés et les contrats de destination devraient aider à la création de 'marques', autour des régions ou d'événements. « Le millefeuille administratif nous empêche de rassembler nos forces, notamment financières, il nuit du même coup à notre compétitivité. Nous avons décidé que ce serait les régions qui joueraient le rôle de chef de file » a déclaré le patron du Quai d'Orsay.
Les trente décisions présentées par Laurent Fabius ont été unanimement saluées par les dirigeants syndicaux présents : Roland Héguy, président confédéral de l'Umih, Jacques Barré, président du GNC, Didier Chenet, président du Synhorcat et Gérard Guy, président de la CPIH, ces deux derniers au titre du Groupement national des indépendants. Constitution de pôles d'excellence destinées à « accroître la visibilité de l'offre touristique française à l'international » - 15 millions d'euros seront dégagés au financement de ces filières -, amélioration des liaisons entre Roissy et la capitale ou à l'arrivée des étrangers Gare du Nord, création d'un forfait taxi entre l'aéroport Charles de Gaulle et la capitale, extension de l'initiative 'visas en 48 heures' qui a été instaurée en Chine et qui devrait être étendue à plus pays du Golfe, à l'Afrique du Sud et à l'Inde, suppression de l'obligation de présenter une réservation d'hôtel lors des demandes individuelle de visa de court séjour, renforcement de la sécurité sur les principaux sites touristiques, encourager l'ouverture des commerces le dimanche dans les zones touristiques de grandes affluence, accompagner les acteurs du tourisme dans la transition numérique, en faisant en sorte que les hôteliers puissent être « en mesure de contrôler les prix qu'ils souhaitent proposer ».
Une volonté de simplification affichée par le gouvernement
La simplification des normes « applicables aux professionnels du tourisme » est aussi inscrite dans la feuille de route. Une ordonnance de simplification des normes comportant un volet tourisme devrait être prise à l'automne 2014. Elle portera sur la numération/dématérialisation de certaines procédures comme la déclaration d'ouverture des piscines, la réglementation sur l'affichage des prix dans les hôtels, les règles urbaines… « Le tourisme, avec son tissu d'entreprises Made In France, ses deux millions d'emplois reflétant l'excellence et le savoir-faire français, est enfin considéré comme une industrie à part entière, avec un plan d'action dont la mise en oeuvre ne peut pas attendre » a commenté Roland Héguy. Pour le GNI, la création de pôles d'excellences est « une véritable reconnaissance des capacités, des spécificités et de la place de la profession » et l'organisation salue le souhait du ministre « d'aller vite dans la bataille pour le tourisme ». Prochaine étape du calendrier : la création d'un Conseil de la promotion du tourisme.
Publié par Sylvie SOUBES
lundi 23 juin 2014