Les performances de l'hôtellerie française à l'épreuve de la crise sanitaire – Baromètre In Extenso

L'analyse des experts d'In Extenso pour le premier semestre 2020 montre que les hôtels n'ont pas subi la crise sanitaire de la même façon, selon leur catégorie et leur localisation en France. À Paris et en région parisienne, les hôtels de luxe et haut de gamme sont les plus touchés, faute de clientèle internationale, tandis qu'en région, la clientèle française a permis de relancer l'activité cet été. Compte-tenu du contexte sanitaire, l'incertitude reste forte quant à la nature de la reprise attendue pour les mois à venir.

Publié le 17 septembre 2020 à 13:46

Pour les experts d’In Extenso culture, tourisme et hôtellerie, l’ampleur de la crise sanitaire traversée durant le premier semestre 2020 ne laisse aucun doute quant à ses répercussions économiques sur l’ensemble du secteur hôtelier français. L’annonce du confinement mi-mars a provoqué la fermeture massive des hôtels. Les réouvertures ont été progressives : un peu plus des trois quarts des hôtels étaient encore fermés en avril, la moitié au mois de mai, et environ un quart l’était toujours en juin. Le Covid-19 a évidemment réduit les taux d’occupation des hôtels, toutes catégories confondues, avec une baisse de 57 % en comparaison avec 2019. Le RevPAR (revenu moyen par chambre disponible) a également chuté de 60 % sur les six premiers mois de l’année.

Cependant, des variations ont été observées entre les différentes catégories d’hôtels. En effet, le choc économique a été moins brutal pour l’hôtellerie utilitaire, qui est souvent restée en exploitation. Les hôtels de la catégorie super-économique ont subi une baisse de 49 % de leur RevPAR. Les établissements de luxe et haut de gamme ont été les plus lourdement impactés, avec une chute de 70 % de leur RevPAR, notamment du fait de l’absence prolongée de la clientèle internationale.

Compte tenu du contexte sanitaire, l’incertitude reste forte quant à la nature de la reprise attendue pour les mois à venir, malgré les aides accordées par le Gouvernement aux acteurs du secteur. Cette crise sans précédent a créé de nouvelles attentes et engendré de nouveaux comportements chez les différentes clientèles, opacifiant davantage la visibilité des hôteliers sur l’évolution future de leur activité. “Bien que le secteur ait été dynamisé par la hausse des fréquentations domestiques et les nombreuses initiatives mises en place pour favoriser le tourisme local durant la période estivale, l’absence de clientèle étrangère et la crainte d’une seconde vague de contamination font redouter une rentrée et une arrière-saison mitigées pour les professionnels du secteur”, commente Olivier Petit, associé chez In Extenso tourisme, culture et hôtellerie.

 

► Un semestre compliqué pour les hôtels luxe et haut de gamme à Paris et en Île-de-France

Après des mois de janvier et de février plutôt positifs, l’ensemble des indicateurs est passé au rouge pour la capitale à compter de mars. Sur l’ensemble du premier semestre 2020, le RevPAR de l’hôtellerie parisienne a chuté de 65 % en raison de l’effondrement de plus de 60 % des taux d’occupation. La baisse du prix moyen par chambre louée a été moins sévère, de l’ordre de - 11 % à fin juin 2020. Le reste de l’hôtellerie francilienne a subi les mêmes dégâts. Plus dépendants de la clientèle étrangère, les hôtels haut de gamme et luxe ont été les plus nombreux à prolonger leur fermeture et ont enregistré des chutes plus significatives de leurs performances. 

À l’annonce du confinement, la plupart des hôtels franciliens ont fermé, ce qui explique le taux d’occupation de 24 % en mars. L’activité durant les mois suivants a été au plus faible : environ 80 % à 90 % des hôtels étaient toujours fermés et des niveaux d’occupation étaient inférieurs à 5 %. En juin, les établissements ont rouvert progressivement, et une seconde phase de réouvertures a eu lieu courant septembre. 

Cependant, la reprise de l’activité hôtelière parisienne reste conditionnée par de nombreux facteurs : la crainte d’une nouvelle vague épidémique, le maintien ou l’annulation des événements, la reprise du trafic aérien ou encore la fermeture de certains lieux touristiques qui hypothèquent l’attractivité de la ville.

 

► Les régions portées par le tourisme local

Après un mois de janvier mitigé et malgré un léger rebond en février, l’hôtellerie en région a enregistré un taux d’occupation de 26 % et une RMC à 76 € au premier semestre 2020. Les baisses drastiques des taux d’occupation (- 48% en super-économique, - 63 % pour les hôtels haut de gamme et luxe), ont provoqué une chute de 57 % du RevPAR sur les six premiers mois de l’année.

En avril, 75 % à 85 % des hôtels sont restés fermés, contre 55 % à 65 % en mai. Des disparités de performances ont été observées entre les régions et les catégories hôtelières. Ainsi, les hôtels milieu de gamme ont réussi à consolider leurs prix moyens, avec une progression de 1 % malgré de faibles taux d’occupation, en comparaison aux segments économique et super-économique.

Les mesures de confinement et les restrictions aux frontières ont limité la diversité des clientèles. Cependant, la clientèle nationale a largement réinvesti les hôtels français durant les vacances d’été ce qui devrait limiter la baisse de performance. Les destinations loisirs (mer, montagne, campagne) ont été privilégiées, amorçant ainsi une légère reprise des performances que les destinations urbaines espèrent pour l’arrière-saison.

 

► La Côte d’Azur fortement marquée par l’absence d’activités culturelles

Depuis le début de l’année, la chute des performances est plus marquée au sein de l’hôtellerie azuréenne. Les RevPAR fléchissent de 57 % dans l’hôtellerie super-économique et de 88 % pour les établissements de luxe.

Les taux d’occupation mensuels ont été globalement inférieurs à 20 % de mars à juin. En avril, environ 90 % des hôtels étaient fermés contre 80 % en mai. Les réouvertures ont davantage eu lieu en juin, alors que certains hôteliers ont préféré prolonger la fermeture jusqu’en 2021. Le report ou l’annulation de nombreux événements culturels et sportifs, tels que le grand prix de Monaco, le Festival de Cannes ou encore le Mipim, a lourdement impacté les hôteliers azuréens. Si la clientèle nationale devrait dans un premier temps permettre de pallier partiellement l'absence des clients internationaux, le retour progressif de ces derniers, s’il a lieu, pourrait conditionner la force de la reprise et les performances de l’arrière-saison.

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