Le 20 septembre dernier, sept jours avant ses 30 ans, Marie Gricourt s’est offert un beau cadeau : l’ouverture à Orléans de son restaurant Gric, son surnom en brigade. Elle a voulu ainsi rendre hommage à sa famille et notamment son père, chef cuisinier au ministère des Finances. Sa ‘maison de famille’, ainsi nommée, se veut un bistrot moderne, servant des plats conviviaux et simples, rappelant les plats régressifs de son enfance, tels le pot-au-feu ou l’omelette norvégienne servis lors du brunch le dimanche.
La jeune cheffe, qui exerçait auparavant à La Table d’à côté de Christophe Hay, signe un parcours éclair, débuté à ses 17 ans après un bac ES. “Même si j’ai toujours voulu cuisiner, mes parents y tenaient et cela m’a permis de commencer dans le métier avec de la maturité.” Son premier emploi, elle le doit à Sébastien Gravé des Fables de la Fontaine, qui est le seul à lui répondre alors positivement sur l’envoi d’une centaine de CV. “Ce n’était pas facile de se faire une place quand on vient de Pithiviers.” Dès lors, elle enchaîne les étoilés, déterminée à apprendre auprès de différents chefs : Fréderic Anton au Pré Catelan, Jean-Yves Leuranguer au Fouquet’s, Éric Frechon au Bristol…, et puis Guillaume Gomez à l’Élysée, où elle devient la première femme à intégrer les cuisines.
Rassembler
“Dans ma cuisine, je mixe toutes mes expériences, des grands classiques appris à l’Élysée à la cuisine moderne et végétale de Christophe Hay”, insiste la jeune femme. Ainsi, le chou-fleur rôti, câpres, noisettes et siphon béarnaise se retrouve sur sa carte au côté d’une volaille, purée, cresson, sauce poulette, pour des prix accessibles avec un menu du midi à 28 €. En ouvrant le dimanche midi pour un brunch, Marie Gricourt tenait à rassembler autour de sa table les familles, jeunes comme aînés. Et la recette fonctionne : le restaurant est complet pour deux mois depuis son ouverture, attirant les jeunes urbains du centre-ville d’Orléans, où est installé Gric, aux clients qu’elle côtoyait à La Table d’à côté.
C’est d’ailleurs grâce à une belle rencontre dans ce restaurant d’Ardon que la cheffe a pu se lancer. Un client détenteur d’une société importante lui a proposé de la suivre quand elle se lancerait. Il est devenu son associé, assurant la partie comptabilité et administrative, la cheffe pouvant se consacrer à sa cuisine. Tout s’est ensuite déroulé très vite : le pas de porte acheté en février 2023, les travaux bouclés en six mois, le tout avec l’aide active de la famille Gricourt. Le papa a ainsi réalisé l’habillement du bar avec 500 manches à balai. Les deux associés ont investi 300 000 € en travaux et équipements dont un four à 20 000 € et une hotte d’extraction au même prix, pièces maîtresses de sa cuisine, ouverte sur le restaurant où travaillent trois femmes derrière le comptoir et un serveur, dans la bonne humeur. “Ce sont des amis qui m’ont rejointe. Nous sommes passés du vouvoiement de La Table d’à côté - où nous travaillions ensemble - au tutoiement”, explique Marie Gricourt. Le ton de son restaurant est ainsi donné.
Publié par Aurélie DUNOUAU