"Y aura-t-il des moustiques ce soir ?", plaisante à moitié le restaurateur Luc Bazely en rapportant l'une
des questions redondantes au moment d'une prise de réservation dans son nouvel
établissement, la Case thaï, aux Trois-Îlets (Martinique). Gérant du traiteur
LB productions et d'une première affaire sur la zone d'activité de Fort-de-France,
le Ô Vin sur Vingt, Luc Bazely a su fidéliser depuis presque dix ans, une
clientèle locale qui s'informe, comme les touristes, sur la présence de l'insecte
indésirable : "Sur l'île nous vivons depuis toujours avec les
moustiques. À la Case Thaï, j'ai traité tous les points d'eau sur 5 000 m²
et appliqué trois traitements au BTI, un larvicide biologique. Au niveau du
restaurant, je dispose d'une barrière répulsive à base de sprays appliqués sur
chaque support, c'est un traitement identique à celui pratiqué par les
personnels navigants pour assainir les cabines. Ce sont des répulsifs et des
insecticides compatibles avec l'hygiène alimentaire et la santé de mes
visiteurs.La Case thaï n'est pas dans une zone colonisée par zika mais si les
clients posent des questions, j'ai de quoi les rassurer. Et si un ou deux
moustiques parviennent à s'introduire chez moi, je les achève à la raquette
électronique, un outil à l'ancienne, à la redoutable efficacité. L'ensemble de
ces actions représente un coût modéré, de l'ordre de 100 € mensuels",
explique Luc Bazely qui regrette l'exagération d'une campagne venue du continent.
"La situation de la Martinique n'est pas celle du Brésil"
"En 2014, 140 000 personnes ont été touchées par
le chikungunya avec un réel impact sur l'économie de l'île en raison des arrêts
de travail. Le quadrillage de la Martinique pour éradiquer les eaux stagnantes
limite aujourd'hui la prolifération d'autres maladies vectorielles. Les médias
ont peu relayé la crise du chikungunya alors que, de toute évidence, celle du zika
est exagérée. La situation de la Martinique n'est
pas celle du Brésil", s'indigne le restaurateur, qui fut l'un des trois
initiateurs avec Guy Ferdinand et Guy Maranzana de la création de
l'antenne martiniquaise de l'Umih, dont il assure le secrétariat général. Toutefois,
face à la progression du virus en Guadeloupe, les autorités régionales ont lancé
un appel à la vigilance le 23 avril.
"Depuis un an et demi, grâce au comité martiniquais du tourisme et aux
acteurs du tourisme local, nous constatons une montée en gamme de la
destination Antilles. Grâce à des accords avec les compagnies ariennes
Norwegian et Condor, des liaisons régulières avec Francfort et trois villes
américaines drainent de nouveaux visiteurs. Le secteur de la croisière est en boum
de 20 %, car Fort-de-France est devenu une tête de pont de la compagnie
MSC. Avec ses hôpitaux, ses services publics, la destination est rassurante. Et
après la crise sociale de 2009, il y a eu une prise de conscience de la
responsabilité de l'accueil pour notre économie. Notre produit monte en gamme,
nous avons de bons professionnels, des cuisiniers renommés à l'image de Marcel
Ravin, le chef étoilé du
Blue Bay à Monaco, qui forme des jeunes du pays. Nous avons désormais plus de
talents que de moustiques", s'enthousiasme Luc
Bazely.
Publié par Francois PONT