Michel Rochedy, réussite étoilée au pied des pistes

Saint-Bon-Tarentaise (73) Le chef a fêté ses 80 ans entouré de sa famille et de ses amis chefs, au Chabichou, établissement qu'il dirige depuis maintenant cinquante-trois ans et où il a obtenu la première étoile Michelin de Courchevel.

Publié le 19 décembre 2016 à 17:25

Tout jeune, Michel Rochedy était loin de se douter, petit ardéchois de Saint-Agrève, qu'il serait un jour un pionnier de la gastronomie en montagne, obtenant en 1979, la première étoile au Michelin à Courchevel. Fils d'aubergiste, il aidait très jeune à la cuisine, sans être convaincu qu'il en ferait son métier. Sa vocation première était d'être footballeur. Mais à l'époque, on ne discutait pas la volonté de ses parents. C'est pour lui le départ en apprentissage chez André Pic, chez qui sont passés les meilleurs : "C'était vraiment un coup de chance." Michel Rochedy transforme l'essai à la Tour d'argent à Paris.

La guerre d'Algérie, où il servira sous les ordres du général Bigeard, le détourne quelques temps de ses fourneaux, et à son retour, il découvre Courchevel. "Je suis arrivé pour un poste aux Cimes blanches avec mes deux valises. J'ai vu, en haut d'une échelle, deux grands yeux bleus. C'était Maryse. Et j'ai posé mes valises." C'est le coup de foudre. Le jeune couple achète, quelques temps plus tard, en 1963, le Chabichou un petit hôtel de neuf chambres. Ils travaillent à deux : lui, en cuisine, elle en salle. La saga venait de commencer.

 

"J'ai toujours su m'entourer des meilleurs"

"Le premier Noël a été très dur. Nous n'avions aucune réservation. Nous pleurions sur nos huîtres." Mais l'hôtel avec baignoire commune fait bientôt le plein. "Au début, nous occupions les chambres libres, et puis il n'y en a plus eu." Les Rochedy dorment sur des lits d'appoint installés dans la salle à manger, après le service. "Je me souviens des parties de cartes effrénées de clients qui nous faisaient veiller longtemps. Nous n'osions pas leur dire que nous voulions nous coucher." Le Chabichou devient prospère et le petit chalet d'origine est reconstruit en 1970 pour un hôtel de 25 chambres. Il s'agrandit encore cinq ans plus tard. L'établissement connaît une fréquentation qui ne se dément pas, mais c'est Michelin qui lui offre ses premières heures de gloire. En 1979, Michel Rochedy, décroche une première étoile, une révolution au pays de la fondue. Le Chabichou devient incontournable et les célébrités s'y pressent. En 1984, la deuxième étoile conforte la première. "La recette, c'est André Pic qui me l'a donnée : 'Faites simple, vous risquez d'être bon'."

Acteur économique de la station, le Chabichou maintient son activité à l'année, ce qui est assez rare. La ville a d'ailleurs choisi de baptiser une piste à son nom : Le boulevard du Chabichou. Cette réussite, Michel Rochedy la dédie à sa femme, Maryse. "N'oubliez pas, derrière un grand chef, il y a une grande femme." Leur fils, Nicolas, les a rejoints à l'hôtel poursuivant ainsi l'histoire. En cuisine, depuis presque trente ans, le chef partage ses fourneaux avec Stéphane Buron. "J'ai toujours su m'entourer des meilleurs." Premier prix Taittinger international, en 2002, meilleur ouvrier de France en 2004, Stéphane Buron partage une grande complicité avec le chef. C'est lui qui a organisé, le 15 décembre dernier, une grande fête où étaient présents chefs étoilés, chroniqueurs gastronomiques et même Michael Ellis, directeur monde des guides Michelin. À cette occasion, Michel Rochedy a poussé la chansonnette, son autre passion. Il connaît le répertoire de Jean Ferrat par coeur et reprend avec conviction Qua la montagne est belle et C'est loin la vieillesse. D'ailleurs, Michel Rochedy, 80 printemps, n'entend plus rien dès qu'on lui parle de sa retraite.


Publié par Fleur Tari



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