Né en Savoie, le chef Pierre
Trocaz n'a pas reçu son amour de la cuisine en héritage. Pourtant, il adore
se régaler et régaler la famille. "J'adore manger, c'est ma vie." Il
intègre donc une école hôtelière pour acquérir les bases et enchaîne les
saisons dans des restaurants de piste. Un petit tour chez Michaël Arnoud, double étoilé savoyard, est pour lui une
révélation. Le soir, Pierre Trocaz dévore les livres de cuisine, s'entraine
encore et encore, jusqu'à découvrir la technique. Sa rencontre avec sa femme Éloïse marque un tournant dans sa vie.
Ils ont les mêmes aspirations et souhaitent s'installer à leur compte en
Maurienne : "Je ne voulais pas quitter ma vallée." Ils rachètent donc une maison forte du XVe
siècle à Saint-Martin-sur-la-Chambre, une ruine qu'il faut reconstruire de A à Z.
"Des
brassées de souvenirs olfactifs"
Pendant quatre ans et demi, soir et week-end compris, avec leur famille,
ils reconstruisent, pierre par pierre, la bâtisse. En 2011, le Clocher des pères ouvre ses portes. Il
n'y a pas un seul panneau indiquant la présence d'un restaurant. "Les
premiers services ont été hyper tendus, j'ai perdu 7 kg en deux mois."
Le restaurant connaît le succès grâce au bouche à oreille, et obtient une
première étoile cette année. "Je remercie mon équipe, ma femme et, bien sûr,
je remercie énormément le Michelin.
Cela m'a rassuré. Je vais prouver que je suis digne de cette confiance. Je
suis d'une vallée où la gastronomie est peu présente. Je veux faire bouger les
lignes. La cuisine, c'est toute ma vie."
La cuisine, le chef en parle avec lyrisme. "Je pars en montagne, je
note des idées, je regarde autour de moi. Je ramène des brassées de souvenirs
olfactifs et d'inspirations gourmandes. Quand le Michelin m'a téléphoné, je me suis demandé ce qui m'arrivait. J'avais
un mal fou à extérioriser ma joie. Il a fallu aller à Paris et j'étais tendu
comme à la veille de mon mariage. Il faut comprendre, je suis un petit gars de
la montagne."
Publié par Fleur Tari