Michelin vient de donner un sérieux coup de projecteur sur la Californie en lui consacrant un guide, le tout premier couvrant un état entier des États-Unis. Est-ce que Michelin a été payé par la Californie pour rédiger ce guide ? 200 000 $, 300 000 $, voire 600 000 $, selon les chiffres qui circulent en totale surenchère, et non confirmés par le guide ? L’institution de Clermont-Ferrand n’a jamais caché établir des partenariats avec des destinations qui souhaitent encourager leur économie touristique. L’aura du guide rouge leur confère instantanément une légitimité en tant que ville ou région où la gastronomie à elle seule vaut le déplacement.
Les beaux paysages, les trésors archéologiques, les plages ou un climat favorable sont des atouts. Mais la cuisine s’est hissée parmi les critères qui prévalent pour une destination touritique. Entre ceux pour qui c’est un élément qui compte et ceux pour qui la découverte culinaire est essentielle, cela fait beaucoup de monde (et tant mieux) à attirer pour faire marcher le business et récupérer des devises.
En faisant de la publicité, en soutenant des candidats au Bocuse d’Or, en emmenant ses chefs à l’étranger pour communiquer et convaincre, en créant des opérations ‘Restaurants Week’, etc., les pays fourbissent leurs armes. Et si l’argent est le nerf de la guerre, il ne suffit pas à transformer un désert en oasis. Les gouvernements peuvent donner autant d’argent qu’ils veulent, le guide ne peut pas inventer des restaurants de très grande qualité. Et il en faut quelques-uns pour remplir un guide. Michelin ne peut pas non plus mettre sa crédibilité - et donc celle des inspecteurs - en danger en se fourvoyant. La qualité gastronomique doit préexister, comme c’est le cas en Californie. Que Michelin tisse des partenariats qui lui permettent de couvrir une partie de son investissement, qui pourrait le lui reprocher ? Après, que les décisions ne soient pas toujours comprises, c’est une autre question.
Publié par Nadine LEMOINE
mardi 18 juin 2019