"Quarante ans : c'est l'âge moyen des personnes que nous
accueillons dans le cadre d'un congé individuel de formation [CIF]", constate
Pierre Chevallier. Responsable du MBA management de l'hôtellerie à l'ESG
et directeur général du cabinet conseil F.A.C.T, il reconnaît que, depuis la
fin des années 2000, "nous observons une réelle progression de ces demandes
de reconversion". Elles concurrencent les CIF motivés par le désir d'acquérir
de nouvelles compétences, en vue de grimper dans la hiérarchie. "Les plans
sociaux et l'envie de changer de vie sont à l'origine de la plupart des
demandes de CIF que nous recevons au sein de l'Institut Paul Bocuse",
confirme Dorine Lacroix, responsable du développement de compétences
professionnelles au sein de l'institut. Elle analyse le phénomène en insistant
notamment sur "la quête d'autonomie" de certains anciens salariés. "Ils
veulent acquérir de nouvelles connaissances et compétences, pour avancer. Pour
créer leur affaire, démarrer une nouvelle vie."
"Les trentenaires sont des entrepreneurs"
Phénomène nouveau : les moins de 40 ans, aspirent eux aussi au CIF.
"Dès 30 ans, ils ont parfois envie de se reconvertir", confie
Dorine Lacroix. Ce sont des profils qui ont déjà fait des études, mais qui ne
se retrouvent pas ou plus dans la filière professionnelle choisie initialement.
C'est le cas des traders, par exemple. Mais pas seulement. Car les trentenaires
ont une certaine culture de la mobilité : "le changement ne leur fait
pas peur. Même quand ils prennent un CIF, ils n'excluent pas qu'ils feront
encore autre chose dans dix ans. Ce sont des entrepreneurs. Ils ne choisissent
pas la reconversion comme solution de repli, faute d'emploi, mais comme façon
de s'exprimer", poursuit Dorine Lacroix.
Face à ces demandes, les formateurs font en sorte de donner "les bons
outils" pour réussir leur accompagnement, "car si le domaine de la
gastronomie fait rêver, mieux vaut ne peut pas se lancer seul",
nuance-t-elle. C'est ainsi que 50 % des personnes passées par un cursus de
reconversion au sein de l'Institut Paul Bocuse ont ouvert leur société ou créé
leur restaurant.
Publié par Anne EVEILLARD