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Une décoration datée, un lobby vide, une notoriété en berne… Lorsque Régis Koch prend la direction de l’Ibis Saint-Charles en janvier 2022, les taux d’occupation font grise mine. L’établissement de 172 chambres a beau être situé sur le parvis de la gare, “les gens ignorent sa présence”. Pour en “faire autre chose qu’un simple hôtel de gare”, le directeur contacte donc des graffeurs afin de relooker le bar, et transforme le hall en espace de vie. “Je prête le lobby gratuitement à Emmaüs : des compagnons ont entièrement redécoré les lieux, avec des tables et des chaises upcyclées, des malles transformées en étagères… Nos réceptionnistes s’occupent des ventes de livres, de fripes, de jouets et d’objets laissés en dépôt par Emmaüs. Cela permet de donner une décoration changeante et une identité à l’hôtel, d’attirer des gens de l’extérieur, tout en participant à une bonne cause. Jusqu’à 500 € sont reversés chaque semaine à l’association”, raconte Régis Koch.
L’établissement se veut également un facilitateur de services (système de bagagerie, relais Wepost…), et un lieu événementiel. Tous les mois, Régis Koch programme un vernissage avec animation musicale. “J’offre les tapas, et les gens consomment au bar. Ça fait vivre mon bar et cela permet de récupérer des contacts. À cette occasion, Emmaüs organise aussi des ventes spéciales de montres anciennes, de fripes vintage… Au fur et à mesure, les vernissages attirent de plus en plus de monde”, observe-t-il. Ces différentes opérations portent leurs fruits : “Les clients passent plus volontiers du temps au rez-de-chaussée, et ils reviennent”, confie le directeur. Les taux d’occupation ont d’ailleurs augmenté de 20 points par rapport à 2021, “suite surtout à la sortie de Covid”, relativise l’intéressé.
Pop-up stores et slow tourisme
Le boutique hôtel 3 étoiles Albert Premier, situé dans le centre-ville de Toulouse, dresse le même constat. “Les Toulousains ne connaissaient pas notre établissement, même si on est hôtelier depuis trois générations. Jusqu’à présent, nos actions de communication allaient vers nos clients, et non pas vers les gens qui nous entourent, reconnaît Emmanuel Hilaire, copropriétaire de l’établissement. On s’est dit qu’il fallait se réinventer, car après les gilets jaunes et la crise sanitaire, les centres-villes ont perdu de leur attractivité. Beaucoup de commerces ont mis la clé sous la porte. À nous, hôtelier, d’être acteur de notre quartier, pour qu’il y ait de la vie et qu’il se passe des choses.”
Clin d’œil à sa signature (“Vous recevoir est un art”), l’hôtel accueille fin 2021 une exposition mettant en lumière une peintre portraitiste locale, Stéphanie Ledoux. En quinze jours, l’événement (reconduit ce mois-ci) attire plus de 2 200 visiteurs. L’exposition, organisée dans les salles traditionnellement dédiées aux séminaires, s’avère un excellent canal de communication et ouvre de nouvelles perspectives. “On a reçu de nombreuses sollicitations. Les activités de galerie et de pop-up stores occupent les week-ends et les vacances scolaires, et la location d’espace a connu une augmentation de 25 % de son chiffre d’affaires en un an, poursuit Emmanuel Hilaire. La marque de prêt-à-porter Sézane, qui compte près de 3 millions d’abonnés sur Instagram, a par exemple occupé un espace pendant tout juillet. Une refonte du site internet et du référencement a d’ailleurs été nécessaire afin de développer ces différentes activités.”
Ventes de plantes cultivées dans la région, salon de thé éphémère afin de promouvoir des producteurs locaux, mise à disposition gratuite de locaux pour des expositions de jeunes artistes… “On souhaite multiplier ce genre d’événements. C’est l’occasion de mettre en contact les consommateurs et les acteurs locaux. Cela peut aussi donner envie à la jeune génération de nous rejoindre : nous avons une démarche de slow tourisme, et nous sommes prêts à mettre à disposition nos espaces pour que des salariés portent des projets personnels”, note l’hôtelier. Ces évolutions ne se sont pas répercutées sur la fréquentation des chambres. En revanche, l’hôtel Albert Premier se félicite de voir augmenter le nombre de clients directs : + 15 % depuis 2019.
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Publié par Violaine BRISSART
