"Si Anne-Sophie Pic m'a proposé ce poste c'est parce qu'elle a l'ouverture d'esprit nécessaire. Dans ses cuisines, les femmes étrangères sont nombreuses. Ce qui importe pour elle, ce sont les compétences et ce que chacun peut apporter dans le groupe", souligne Paz Levinson. Une femme d'exception au parcours universitaire sans fausse note, qui aurait pu s'affirmer dans bien d'autres registres à Buenos Aires. Mais elle a pris un grand virage : adieu l'enseignement et bonjour la sommellerie, aux côtés d'une formatrice de tempérament, Maria Barrutia. Laquelle a sans doute détecté chez sa compatriote la volonté et la passion, éléments essentiels qui l'ont propulsée sur la plus haute marche des podiums. Deux fois meilleure sommelière d'Argentine, elle devenait aussi, il y a trois ans au Chili, meilleure sommelière des Amériques. Enfin, en 2016, lors du mondial organisé dans son pays, elle a pris la quatrième place
"Entre temps, j'ai choisi Paris pour m'installer, apprendre le français et visiter les vignobles, en France, bien sûr, mais aussi dans les pays tout autour. Je travaillais pour le groupe Food & Fun et j'ai accompagné l'ouverture de la Ferme Saint-Simon, travaillé sur les cartes et formé les sommeliers ici et à Shanghai." Une accumulation d'expériences qui lui sont désormais utiles à Valence, Paris, Londres et Lausanne, les villes où le groupe Pic est présent.
Le vin, mais pas seulement
Actrices du film À la recherche des femmes chefs, de Vérane Frediani, la chef et la sommelière se sont rencontrées pendant la période de présentation de ce long métrage. "Anne-Sophie Pic a été inspirée par mon approche de la sommellerie, mon histoire, mon vécu. Et nous en sommes venues à l'idée de faire quelque chose ensemble. Sa cuisine m'inspire et elle est toujours à la recherche de la boisson qui pourrait accompagner ses plats. Du vin, bien entendu, mais pas seulement."
"D'un côté je travaille proche d'Anne-Sophie Pic et de sa cuisine afin d'étudier les accords possibles, et de l'autre je suis en contact avec la quinzaine de sommeliers du groupe, détaille Paz Levinson. Il est important d'établir une cohérence entre ce qu'il y a dans l'assiette et ce qu'il y a dans les verres, dans tous les restaurants. On trouvera du vin mais aussi du saké et on peut même aller vers la mixologie."
La sommelière, fine observatrice des tendances - au point de pouvoir définir les arrondissements parisiens en fonction des vins consommés par la clientèle -, va beaucoup naviguer entre chaque restaurant afin de partager sa vision des choses. Une phase de mise en route qui va mobiliser toute son énergie. "Mais ce n'est pas ce volume de travail qui pourrait m'empêcher de préparer le prochain concours du meilleur sommelier du monde. Si je choisis de ne pas me présenter à la sélection argentine pour le mondial 2019 en Belgique, c'est pour des raisons personnelles. L'envie de faire une pause."
Publié par Jean BERNARD