L’objectif de l’appareil photo ne semble pas impressionner Sadik Muhaimin. Le jeune chef de rang de 23 ans prend la pause dans son élégant costume bleu. Touché par le trophée accueil que lui a décerné le Gault&Millau à l’été, le salarié du restaurant étoilé l'Amaryllis à Saint-Rémy (Saône-et-Loire) avoue une certaine fierté quand il regarde le chemin parcouru.
“Je suis arrivé du Bangladesh avec mes parents en 2014, j’avais 16 ans. Mes parents ont préféré repartir deux semaines plus tard et moi rester pour aller à l’école et apprendre, même seul.” Désormais mineur isolé, il est envoyé à Montceau-les-Mines pour être pris en charge par une association qui lui offre un toit et lui enseigne le français. “Je voulais entrer rapidement dans le monde du travail mais je cherchais un secteur qui m’aiderait à mieux communiquer.” Il débute, un peu par hasard, par un bac professionnel accueil et relation client où, à l’occasion d’une mise en situation il rencontre le président du Lions Club de Montceau, Roger Burtin.
Le bon choix de carrière
“Après le repas, il m’a expliqué que son fils était chef du restaurant l’Amaryllis à Saint-Rémy et m’a encouragé à le contacter pour apprendre le service en stage. Comme je voulais tout essayer, j’y suis allé.” Une semaine suffit, c’est la révélation. Sadik Muhaimin se souvient. “J’ai aimé le restaurant, le travail du chef Cédric Burtin, partager un moment avec les gens. Ce n’est pas seulement poser un plat, il faut les accueillir.” À ses débuts, simple commis de salle, il parle peu, incertain de son niveau et de son vocabulaire mais s’appuie sur sa culture bangladaise. “Un client ici, c’est comme un invité chez moi. L’accueil, c’est ma culture.”
En 2016, il débute son apprentissage entre le CIFA Jean Lameloise de Mercurey et l’Amaryllis et obtient son CAP de service en salle en 2018. “Les professeurs prenaient le temps de nous expliquer, à moi et d’autres élèves étrangers, de nous aider.” Quand ses amis du centre d’accueil des mineurs isolés ont préféré d’autres secteurs, le jeune homme ne regrette pas son choix. “La restauration, c’est moins scolaire que d’autres filières et j’ai pu commencer avec quelques phrases en français.”
Viser les sommets
Sadik Muhaimin aurait pu se contenter de ce diplôme et de son emploi de commis de salle mais se serait sans compter sur une profonde motivation et une certaine ambition. “J’avais envie d’évoluer, alors j’ai travaillé aux côtés du chef de rang et quand il manquait, je m’essayais pour le remplacer.” Appliqué et impliqué, soutenu par ses collègues, il devient demi-chef de rang, obtient ses galons en 2020 et s’intéresse désormais au travail du chef sommelier pour comprendre tous les aspects de la restauration. “Je suis content de ce que j’ai fait, de mon travail, mais j’espère aller plus loin, devenir assistant maître d’hôtel puis maître d’hôtel un jour.” Avec une légère réserve, il lâche du bout des lèvres : “Et pourquoi pas directeur de salle.”
Attaché à l’Amaryllis et à son chef avec qui il a noué une forte amitié, Sadik Muhaimin n’exclut pas de se forger une expérience complémentaire ailleurs. Pour l’heure, il met un point d’honneur à faire son métier au mieux, notamment auprès de la clientèle étrangère grâce à sa maîtrise de l’anglais. Du cœur à l’ouvrage qui lui a valu sa récompense, symbole de sa réussite personnelle. “Je suis en charge de six tables et je veux que les clients passent un bon moment. Ils viennent pour se faire plaisir, se détendre et bien manger. On leur doit un accueil chaleureux et d'être à l’écoute de leurs demandes et leurs goûts.”
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Publié par Pour Aletheia Press, Nadège Hubert
lundi 19 décembre 2022