La profession était favorable à la dématérialisation du titre-restaurant. Elle constitue un gain de temps considérable pour les professionnels qui n'auront plus à classer, compter, tamponner, découper et expédier les titres qu'ils recevaient de leurs clients en paiement des repas. Avec cette simplification, les professionnels s'attendaient à une baisse des tarifs conséquente, mais ils ont déchanté après avoir pris connaissance des taux de commission proposés par l'un des quatre émetteurs historiques (Chèque-Déjeuner, Edenred, Natixis Intertitres et Sodexo) pour des titres dématérialisés. Toutes les organisations patronales du secteur de la restauration ont donné comme consigne à leurs adhérents de ne pas signer de contrat avec les émetteurs de titres-restaurants tant qu'ils n'auront pas obtenu de conditions tarifaires raisonnables. Elles ont sollicité la Commission nationale des titres-restaurants pour organiser d'urgence une réunion.
Face aux craintes des professionnels, trois des émetteurs de titres-restaurants dématérialisés ont accepté de présenter leur offre dans le détail. En revanche, Sodexo Services Avantages et Récompenses, qui a annoncé le lancement de sa carte Pass Restaurant, présentera ses résultats financiers le 17 avril prochain et s'est refusé à toute communication avant cette date.
Ticket-Restaurant (Edenred France)
Edenred France a lancé sa version dématérialisée avec la carte Ticket-Restaurant et 25 000 sont déjà en circulation. Pour les restaurateurs affiliés, le taux de commission est de 3,8 %, plus 0,3 % par carte passée dans le terminal (commission Mastercard), auxquels s'ajoutera un abonnement de 2 € par mois à partir de 2015. Ces tarifs ont entraîné une levée de boucliers de la part des restaurateurs. Laurent Delmas, directeur général d'Edenred, rétorque que "la technologie mise en place pour avoir accès aux 180 000 établissements susceptibles d'accepter la carte a nécessité des investissements, sans parler des services supplémentaires offerts aux restaurateurs. D'autant que les restaurateurs nous avaient clairement dit qu'ils ne voulaient pas avoir à acheter de nouveaux terminaux pour accepter ces cartes." Les quatres émetteurs historiques ont créé, en mars 2012, Conecs, une structure permettant d'utiliser les terminaux de paiement existants et de bénéficier d'une ergonomie et d'un processus d'acceptation commun. Autre argument de Ticket-Restaurant pour justifier ces taux de commission : sur les 25 000 utilisateurs de la carte, 12 000 n'avaient pas accès au titre-restaurant auparavant, soit autant de clients supplémentaires pour les restaurateurs. Pour les convaincre, Edenred leur permet d'accepter la carte jusqu'au 30 juin 2014, sans avoir conclu de contrat d'adhésion et avec la gratuité des commissions.
Chèque-Déjeuner
Catherine Coupet, directrice générale de Chèque-Déjeuner, rappelle que son groupe a choisi de ne pas répercuter les coûts liés à la dématérialisation des titres-restaurants sur ses affiliés, malgré de lourds investissements. Le taux de la commission varie de 1 à 3 % selon le délai de remboursement choisi. La détermination du taux de commission des titres dématérialisés se décompose en trois parties : un tiers correspond au coût de traitement (manipulation et opération de remboursement). "Le coût du traitement papier est plus onéreux que la carte dématérialisée. Cette partie doit donc diminuer quand la carte aura pris son rythme de croisière", annonce Catherine Coupet. Le second tiers correspond à l'apport d'affaire. "Nous investissons afin de convaincre les entreprises d'adopter les Chèque-Déjeuner qui seront ensuite utilisés dans les restaurants et par conséquent augmenteront le chiffre d'affaires du restaurateur", justifie la directrice (un argument que réfutent les restaurateurs, qui considèrent le titre-restaurant dématérialisé comme un moyen de paiement comme un autre). Quant au troisième tiers, il rémunère les services mis à la disposition des affiliés et qui seront plus importants avec la carte : géolocalisation, offres promotionnelles, etc. Selon Catherine Coupet, s'il y a suffisamment de volume, le coût de traitement de la carte devrait baisser en 2015, sauf si le restaurateur choisit les services mis à sa disposition et pour lesquels il devra payer.
Apetiz (Natixis Intertitre)
Stephan Dixmier, directeur général de Natixis Intertitre, qui émet les titres Chèque de table, propose sa version dématérialisée commercialisée sous la marque Apetiz. Natixis Intertitre souhaite compléter sa gamme en faisant évoluer sa carte, qui sera aussi un porte-monnaie électronique, et développer le paiement sur mobile. Les délais de remboursement, compris entre 48 et 72 heures, dépendent des organismes bancaires et non des émetteurs. Ces derniers préparent un modèle afin de séparer les flux des cartes de titre-restaurant des flux bancaires afin de supprimer les superpositions de taux de commission, et surtout de pouvoir proposer plus de souplesse dans les formules de remboursement et notamment un circuit long. Stephan Dixmier précise qu'un quart seulement des restaurateurs choisit cette formule. Mais, ajoute-t-il, Apetiz n'est pas qu'une carte, c'est aussi une palette de services qui sont proposés aux restaurateurs avec un outil de géolocatisation, la possibilité pour le restaurateur de communiquer sur son établissement ainsi que sur les promotions mises en place. Le taux de commission pour la carte n'est pas dévoilé, mais la carte ne devrait pas être plus chère que le titre papier, assure Stephan Dixmier. Pour convaincre les restaurateurs d'adopter la carte, Natixis Intertitre leur offre la possibilité de l'accepter sans avoir signé d'engagement et sans aucun frais supplémentaire, jusqu'au 30 septembre 2014.
Publié par Pascale CARBILLET
mercredi 9 avril 2014
mercredi 30 juin 2021
mercredi 9 avril 2014