À Nîmes (Gard), dans le quartier de l’Écusson, les promeneurs qui cherchent des toilettes publiques s’engagent dans un parcours du combattant. En dernier recours, ils se tournent souvent vers les sanitaires des bars et des restaurants. Qu’ils le demandent poliment ou qu’ils jouent la carte du ni vu, ni connu, ces non-consommateurs peuvent être source de difficultés.
Une queue de quinze personnes
Et, de fait, cette pratique, certains professionnels ne la supportent plus. À l’image du Bistrot de l’horloge qui a installé un portique de sécurité pour restreindre l’accès de ses sanitaires à sa clientèle. “J’ai été obligé d’installer ce système il y a six mois, nous étions en train de devenir des toilettes publiques. Ce qui veut dire dégradation rapide du lieu. On nous arrachait des parties du mobilier, on nous volait des brosses, ce n’était plus possible”, se justifie Régis Faggianelli, directeur de l’établissement. Certains jours, il pouvait y avoir “une queue de quinze personnes”, selon le gérant. Il faut dire que les sanitaires donnent sur l’extérieur et qu’il est difficile au personnel de les surveiller.
Désormais, le problème est résolu grâce à un tourniquet. “On donne aux clients qui le demandent un ticket avec un QR code à usage unique”, détaille le responsable. Si le montant du portique, facile à installer, n’a pas été dévoilé, Régis Fagianelli estime que c’était “le prix de la tranquillité”. Après quelques mois, il ne regrette pas sa décision. “Avant, c’était l’anarchie, maintenant, c’est beaucoup mieux, surtout pour mes salariés.”
À chacun son point de vue
Sur les terrasses voisines, les points de vue divergent. Quelques-uns, comme le restaurant du Carré d’art, ne sont pas confrontés à ce phénomène. De son côté, le directeur du Barreta, sur la place aux Herbes, a donné la consigne d’accepter systématiquement les demandes. Mais au bar, Laura, serveuse, s’agace : “On voit que ce n’est pas le directeur qui nettoie ensuite.” Enfin, Au Cali Kitchen, l’accès est aussi contrôlé, mais par les employés. Julien, serveur, laisse tout de même accessible l’entrée, “en cas de force majeure. Sinon, nous partons du principe que s’ils ne sont pas clients, nous leur refusons l’accès.”
Publié par Alexandre Bonnet, Aletheia Press