du 14 septembre 2006 |
DOSSIER INFORMATIQUE |
E-distribution hôtelière Le chaînon manquant |
Philippe Cantet et Florence Caresmel. |
L'Hôtellerie Restauration :
Pourquoi est-ce difficile pour l'hôtelier, aujourd'hui avec le e-tourisme,
d'organiser efficacement son commercial et sa distribution de chambres ?
Arnaud Lordez
: Pour être accessible
sur le web et offrir aux réservataires des confirmations en temps réel
(on line), l'hôtel doit fragmenter ses stocks de chambres pour
confier un peu de disponibilités à
chacun de ses apporteurs potentiels. Ceci se fait manuellement sur des web-plannings,
dont la mise à jour devient fastidieuse car répétitive au fur et
à mesure du remplissage et des ajustements tarifaires. Cette situation est
plus difficile en Europe, où le tissu hôtelier est en majorité constitué
de 'charming hotels' de faible capacité, souvent inférieure à 70
chambres. Dans ce cas, la fragmentation et la saturation sont vite critiques et
imposent une très grande réactivité de l'hôtelier.
L'Hôtellerie Restauration
: Ainsi pour aider les hôtels
- ou les groupes d'hôtels - à distribuer leurs chambres avec une meilleure
productivité, faudrait-il leur proposer un système-robot qui ajuste en
permanence les chambres disponibles (et leur prix) sur les différents canaux,
grâce à des couplages automatisés à la place des web-plannings
manuels ?
Arnaud Lordez
: Pas vraiment, car sans
un préalable, ces couplages seraient doublement dommageables à l'hôtel
: d'une part, ses processus commerciaux sont rarement assez homogènes ou paramétrés
pour les démultiplier en l'état ; d'autre part, l'hôtelier n'a pas
forcément intérêt à automatiser la fragmentation de ses disponibilités,
qui diminue ensuite sa propre marge de manoeuvre pour renforcer celle de ses distributeurs.
Arnaud Lordez. |
L'Hôtellerie Restauration :
Vous voulez dire qu'en automatisant les web-plannings, on favorise définitivement
le déport des disponibilités vers les relais-apporteurs, alors qu'il existe
une autre solution plus souhaitable pour l'hôtel ?
Arnaud Lordez :
Exactement. L'évolution des techniques (flux XML, web-services…) rend
de plus en plus faciles les couplages entre systèmes en temps réel ou
quasi-réel : quand c'est possible face à la demande (de par une taille
suffisante en nombre de chambres consolidées), il est vraiment préférable
pour les hôtels que leurs partenaires-distributeurs viennent chercher les
chambres chez eux - en mode 'pull' prélevé par le distributeur à
la volée - plutôt que les hôtels ne fragmentent leurs disponibilités
: mode 'push' poussé par le producteur chez ses distributeurs. Naturellement
cette performance - idéale et stratégique pour le producteur - impose
un partenariat coopératif entre hôteliers autour d'une plate-forme technologique
à taille critique, et strictement technologique afin de pouvoir accueillir
des hôtels indépendants et franchisés de tout profil : sans concurrencer
le marketing de leur enseigne partenaire, mais au contraire en simplifiant les échanges
entre la résa centrale du réseau et l'hôtel affilié.
Philippe Cantet : Cette approche en 'pull' et volontaire des hôtels redonnerait effectivement une chance aux canaux plus modestes. En effet, ceux-ci sont de plus en plus fermés (sans alimentation) par manque de temps de l'hôtelier, ce qui profite naturellement à un ou quelques gros canaux partenaires.
Jean-Stephen Rovani. |
L'Hôtellerie Restauration
: Mais si un des canaux dépassait
15 ou 20 % des ventes par exemple, n'y aurait-il pas au-delà un risque
financier pour l'hôtel ?
Jean-Stephen
Rovani : C'est certain, puisqu'il
existe alors un risque de dépendance, voire même de perte du contrôle
commercial. Imaginez 2 établissements équivalents qui sont à vendre,
face à un acheteur potentiel : si un des hôtels concentre 30 ou 50
% de ses ventes sur un même canal, il pourrait accuser, par exemple, une décote
de 3 à 10 % vis-à-vis de son confrère qui, lui,
possédera
des canaux bien répartis. Et des concentrations de 30 % dans 3 ans ou de 50
% dans 5 ans conduiraient à une moins-value de 1 à 2 % par an de la
valeur du fonds de commerce…, soit un coût de décote supérieur
à 6 kE/mois pour un fonds valant autour de 5 ME ! Ceci démontre l'énorme
intérêt d'une technologie bien ciblée. Elle devient ici un vrai
levier sur la pérennité du patrimoine, ou sur la plus-value financière
des actionnaires de l'hôtel.
L'Hôtellerie Restauration
: Qu'en est-il
de l'autre composante financière, le rendement ?
Philippe Cantet :
Il s'agit de yield (ou revenue management) plus ou moins pratiqué par chaque
directeur d'établissement ou de société de gestion : la science d'optimiser
son profit, en augmentant ses
ventes
tout en baissant ses frais associés…, mais là aussi l'informatique
devient vraiment précieuse à l'heure de l'e-commerce. En effet, le développement
d'internet et les cycles de réservation de plus en plus courts nous obligent
- nous, hôteliers - à gagner en anticipation et en finesse d'analyse
: il nous faut des outils en temps réel et simples d'emploi, qui facilitent
notre travail en équipe.
L'Hôtellerie Restauration
: Y a-t-il un ordre à
respecter pour ces avancées informatiques dans ce nouveau monde de l'e-tourisme
?
Jean-Stephen
Rovani : Effectivement, car
avant de déployer 'les bras' du fameux robot, donc ses connectivités à
la distribution, il est sain de bien régler 'le cerveau' du robot : son yield
simplifié 'multicanaux et temps réel' à partir aussi de quelques
données métier du PMS. Cette approche confortera la maîtrise commerciale
de l'hôtelier, en
évitant, du même coup, de démultiplier des réglages approximatifs,
car sans grande visibilité. On constate aussi chez le producteur aérien
ce besoin de 'décisionnel en temps réel', par exemple avec le calcul de
rentabilité du vol au fur et à mesure des réservations ou des annulations
et jusqu'à la fermeture des portes.
L'Hôtellerie
Restauration : Productivité
au quotidien, défense du fonds de commerce, meilleure rentabilité
grâce à des outils adaptés… Décidément, sur
tous les compartiments, l'informatique joue un rôle-clé !
Jean-Stephen
Rovani : C'est exact. D'ailleurs,
il me semblerait logique, dans les années à venir, de voir la rémunération
des apporteurs baisser, au profit des technologies qui créent de plus en plus
de valeur dans l'entreprise. Mais en Europe du Sud, cette création de valeur
de la technologie est souvent moins bien comprise, surtout par les PME : celles-ci
gardent encore régulièrement une image de coût à amortir,
alors que les Anglo-Saxons évoluent plus facilement vers l'image moderne d'une
techno bénéficiaire, bilan quotidien de ses apports moins ses coûts.
De plus, ce rendement positif peut souvent s'effectuer sans réelle mise de
fonds, grâce à la nouvelle tendance du mode locatif : "Software
as a service." Donc vous ne payez que ce que vous consommez !
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ONT PARTICIPÉ À CE
DÉBAT Arnaud Lordez Expert en technologies
e-tourisme & hôtellerie alordez@phocuswright.com |
UN EXEMPLE D'OUTIL COMMERCIAL
CONCRET : LE TOP-PILOTE* DE LA SOCIÉTÉ
TOPSY'S
L'Hôtellerie
Restauration : Pourquoi avez-vous
décidé d'adopter un outil commercial comme le Top-Pilote dans votre établissement
? L'Hôtellerie Restauration : Mais l'arrivée d'un outil aussi central a dû vous obliger à
revoir toute votre organisation commerciale ?
L'Hôtellerie
Restauration : Et pour un
professionnel de la gestion hôtelière ou pour un groupe d'établissements,
qu'attendez-vous du Top-Pilote ? * Le Top-Pilote a été développé progressivement depuis 2001 sur plate-forme Microsoft.NET en C# et SQL-Server. Son décisionnel a été synchronisé initialement avec le PMS 'Top-Hotel' (version 2) de TOPSYS. Une spécification est en cours pour le couplage à d'autres PMS en 2007, ainsi que pour le pilotage 'temps réel et yieldé' de plateformes couplées à la distribution : groupes hôteliers, booking engines, PMS… Ajout possible en option d'une solution 'RM-forecast' de recommandations : EZ-RMS en cours… La solution Top-Pilote rassemble à ce jour plus de 45 canaux intégrés en temps réel, et son déploiement de synchro-PMS (qui a commencé début 2006) compte déjà en locatif près d'une centaine d'hôtels indépendants et franchisés, de toutes enseignes. Plus d'infos en contactant Morgane Fournier-Besson : mfournier@topsys.fr |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2994 Magazine 14 septembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE