3
21 juillet 2016 - N° 3508
L’Hôtellerie Restauration
NICE
Une jeune fille a reproché au
restaurant Le Grand Balcon de ne pas
l’avoir accueillie pendant l’attentat.
Les restaurateurs expliquent avoir dû
suivre les injonctions de la police.
Scènes de panique et hôtels-refuges
Le 14 juillet au soir, les scènes de panique se sont multipliées
un peu partout sur la promenade des Anglais, spectateurs et
touristes courant en tous sens, certains fuyant dans des rues
adjacentes, d’autres cherchant refuge dans les bars, restaurants
et hôtels. Plusieurs personnes se sont même jetées à l’eau, ten-
tant de gagner des plages privées situées le plus loin possible des
lieux de l’attentat. À Castel Plage,
Ali Abdelhafidh
a, comme
ses confrères, recueilli et apaisé clients et personnes extérieures
terrorisés.
Le témoignage de
Thierry Thiercelin
, propriétaire à Nice du Hi
Hotel et de la Hi Plage, située non loin de l’endroit où le camion
a commencé sa course meurtrière, est à cet égard symptomatique
de la peur collective :
“Nos clients étaient heureux
et nous affichions complet depuis la fin d’après-
midi. Soudain, il y a eu un fracas terrible, des cris
puis cette vision d’horreur que je n’oublierai jamais
lorsque je suis monté à l’entrée de mon établisse-
ment. Sur la portion de Promenade qui domine ma
plage, c’était un carnage, avec des corps éparpillés
partout, que nous avons recouverts aussitôt avec
des couvertures et des serviettes. Les gens sautaient
depuis le mur sur notre pergola, se réfugiaient dans
les cuisines ou s’enfuyaient sur la plage, croyant évi-
ter des tirs d’éventuels terroristes. Nous avons fait
tout ce que nous pouvions pour préserver nos clients
et tous ceux qui cherchaient un abri mais nous vi-
vions le chaos et la terreur.”
Tous les témoignages vont dans le même sens, no-
tamment à l’Hôtel Negresco où le directeur,
Pierre
Bord
, a organisé accueil et réconfort des personnes
blessées ou en état de choc. Au Palais de la Médi-
terranée, devant lequel le camion a pu être stoppé,
et à l’Hôtel Méridien, les gens se précipitaient
jusque dans les étages.
Dignité et entraide
À cet instant, la compassion, l’entraide et la solida-
rité l’emportent chez les professionnels de l’hôtel-
lerie et de la restauration de Nice et de la région.
“Il
y a une dignité et une solidarité remarquables, que
ce soit au sein de nos établissements ou de la part
de nos clients dans leur immense majorité, que nous
nous employons à rassurer,
affirme
Denis Cippo-
lini
, président du Syndicat des hôteliers de Nice-
Côte d’Azur.
Nous enregistrons certes des appels
inquiets et des annulations mais le temps du bilan et
de la prospective n’est pas venu. Cette mobilisation
me fait chaud au cœur et elle s’amplifiera j’en suis
sûr dans les jours prochains. J’ai mal à Nice, j’ai mal
à la France, mais je suis confiant !”
14 Juillet
©AFP/VICTORYA IVANOVA/SPUTNIK
Le Grand Balcon, à Nice, est situé à
quelques mètres du lieu de l’attentat.
L’OMT profondément
choquée
L’Organisation mondiale du
tourisme (OMT), s’est dite
profondément choquée au
lendemain du terrible attentat
qui a touché Nice.
“Au nom de
la communauté internationale
du tourisme, l’OMT présente
ses plus sincères condoléances
aux familles et aux proches des
victimes et assure le peuple et
le Gouvernement français de
son entière solidarité,
a déclaré
le secrétaire général de l’OMT,
Taleb Rifai
.
Nice est, et restera,
une destination touristique
de premier plan, en France et
dans le monde. Face à ce fléau,
nous devons plus que jamais
rester unis pour combattre cette
menace mondiale.”
Marie
Tabacchi
T
out a commencé avec un statut publié
sur Facebook et un commentaire posté
sur Tripadvisor, quelques heures après
l’attentat qui a frappé la ville de Nice (Alpes-
Maritimes), jeudi 14 juillet. Une jeune fille
se plaint que le patron du restaurant Le
Grand Balcon, situé à quelques pas de la
promenade des Anglais, l’ait empêchée de se
réfugier à l’intérieur de son établissement.
Vendredi, le sujet devient viral, avec plus de
100 000 partages sur les réseaux sociaux,
cristallisant commentaires acerbes, insultes,
menaces de mort et demandes de fermeture
de l’établissement.
“Nous avons fait entrer
un maximum de personnes”
Face à ce déchaînement, la gérante du res-
taurant,
Karine Marro-Guffanti
, se justifie :
“Nous avons tous vécu l’horreur hier soir et
nous avons fait entrer un maximum de per-
sonnes, jusqu’au moment où, dans le restau-
rant, un homme (...) a perdu tout contrôle et
s’en est pris physiquement aux clients.”
Elle
ajoute par ailleurs :
“La police nous a formel-
lement demandé de ne plus ouvrir la porte.”
L’établissement affichait complet le soir du
drame.
La polémique a enflé tout le week-end, jusqu’à
ce que le commentaire initial soit finalement
supprimé. Des groupes et pages de soutien au
restaurant ont été créés et les propriétaires
de l’établissement ont porté plainte contre X
pour diffamation.
Déchaînement
de fureur contre
un restaurant niçois sur
les réseaux sociaux
www.lhotellerie-restauration.fr/publications/marie.tabacchi