Apprendre en cours, mais aussi sur le
terrain : ça change tout. Les jeunes mûrissent plus vite. Ils se frottent
à l'univers professionnel et parfois décrochent leur premier job à l'issue de
cette période d'alternance. L'apprentissage a donc tout pour séduire.
Toutefois, en pratique, il n'est pas forcément si simple à concrétiser. C'est
ce qui ressort d'une étude menée en mars 2017 par l'institut Viavoice, auprès
de 501 salariés, à la demande de la Fondation de l'institut national de formation et d'application (Infa).
Principal constat de
cette enquête : "Même si la formation en alternance est une
idée saluée et défendue, notamment par les dirigeants politiques, elle
décourage par la lourdeur des démarches administratives pour les PME-TPE (70 %)
et la difficulté à trouver une entreprise d'accueil pour les alternants
(77 %)."
Malgré ce bémol, chaque année, le secteur de l'hôtellerie-restauration
recense quelque 35 000 alternants. Mais il est vrai que ce sont
essentiellement les grandes enseignes qui accueillent ces jeunes apprentis.
"L'alternance, c'est se lever tous les
matins
pour être dans le concret"
Selon ce premier baromètre de l'alternance,
amené à être renouvelé chaque année, 80 % des personnes interrogées
pensent que l'alternance permet l'intégration de nouveaux profils de
compétences et 64 % estiment que celle-ci constitue une opportunité d'innovation
pour les entreprises. Autre avantage du dispositif : il permet de
rééquilibrer les chances d'insertion sociale entre les étudiants, pour 80 %
des salariés sollicités par Viavoice.
Et ce n'est pas Erwan Berges qui
dira le contraire. Après avoir quitté le collège sans son brevet, il est
aujourd'hui en apprentissage à l'hôtel Explorers de Magny-le-Hongre
(Seine-et-Marne), dans le cadre d'un BTS hôtellerie-restauration qu'il effectue
avec l'Infa. "L'alternance, c'est se lever tous les matins avec l'envie
d'aller sur son lieu de travail, pour apprendre le savoir-faire des
professionnels et être dans le concret", explique-t-il.
Chaque année, 1 000 apprentis et 1 500 personnes
en contrat de professionnalisation sont formés à l'Infa. Mais les grandes
enseignes incitent aussi à se laisser tenter par l'apprentissage. À titre d'exemple,
au sein du groupe Flo, 7 % des collaborateurs sont en apprentissage, ce
qui représente environ 200 alternants par an, essentiellement aux niveaux
CAP, bac pro et BTS, en cuisine et restauration. En outre, depuis la rentrée 2016,
le groupe a signé un partenariat avec Ferrandi pour un CAP cuisine en deux ans,
en contrat d'apprentissage au sein des brasseries Flo. Autre exemple :
chaque année, Accorhotels recrute quelque 500 jeunes en alternance, du CAP
à bac + 5, pour des contrats d'une durée de un à trois ans.
Reste que
la bonne alchimie, pour qu'un apprentissage fonctionne, réside dans l'adéquation
entre le profil du jeune en alternance, l'entreprise qui l'accueille et la
pertinence du poste proposé, sans oublier le suivi des enseignants. Si l'équilibre
entre ces parties prenantes est réussi, les lenteurs et autres lourdeurs
administratives pointées dans l'étude de l'institut Viavoice ne sont alors plus
qu'une question de détail.