En pleine crise sanitaire, que l’on soit un hôtelier indépendant ou un grand groupe, les aides gouvernementales ne suffisent pas toujours à boucler budget et fins de mois. Si bien que ce jeudi 4 mars, dès 9 heures 30, ils étaient nombreux devant l’entrée du personnel de l’hôtel Westin Paris Vendôme (Ier). Tous salariés de l’établissement estampillé Marriott, ils ont pris sur leurs RTT, jours de congé ou autre temps de pause pour dire leur mécontentement face au plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).
Annoncé en janvier, ce PSE doit se solder fin avril par 168 suppressions de postes et vider ainsi de la totalité de leurs effectifs des services tels que la conciergerie, le standard ou encore le spa. Concernant le housekeeping, 88 % du personnel est menacé de licenciement, “soit la totalité des femmes de chambres et gouvernantes, dont les missions seront, à terme, externalisées”, explique Yamina Bellahmer.
Salariée du Westin Paris Vendôme, membre du Comité social et économique (CSE) et actuellement en congé maternité, elle est de toutes les réunions avec la direction. “On demande qu’au moins un tiers des effectifs soient maintenus dans les services qui seront les plus touchés par les licenciements”, souligne-t-elle. Yamina Bellahmer réclame aussi davantage d’échanges entre les salariés et la direction de l’hôtel, afin de sortir de l’actuel statu quo. Une situation d’autant plus tendue que les noms, associés aux 168 suppressions d’emplois annoncées, ne sont toujours pas révélés.
L’APLD, “c’est un outil à actionner dès qu’il y a un risque de licenciements”
“Le Westin Paris Vendôme est en PSE et dans une période de discussion avec les délégués syndicaux”, nous a fait savoir, hier soir, la direction de l’établissement. Un message laconique qui laisse les salariés sur leur faim. Yamina Bellahmer envisage d’ailleurs de multiplier les manifestations et même de les ouvrir au personnel de plusieurs autres hôtels du groupe, dont le Paris Marriott Rive Gauche (XIVe) et le Méridien Étoile (XVIIe), qui vont aussi licencier.
El Hadji Faye, délégué syndical CGT au sein de l’hôtel Prince de Galles (VIIIe), autre fleuron du groupe Marriott, parle de 260 suppressions de postes rien qu’au Marriott Rive Gauche. De son côté, il soutient les manifestants. “On sera toujours à leurs côtés”, affirme-t-il. Toutefois, pour éviter d’en arriver à descendre dans la rue, il préconise la solution de l’activité partielle de longue durée (APLD). “C’est un outil à actionner dès qu’il y a un risque de licenciements”, souligne-t-il. Ce dispositif permet, en effet, de diminuer l’horaire de travail des salariés et de recevoir une allocation pour les heures non travaillées. “Au Prince de Galles, nous sommes en train de négocier une APLD et ça rassure les salarié”», confie El Hadji Faye.
Parallèlement, il n’a pas hésité à sensibiliser quelques politiques à la situation dégradée de l’hôtellerie depuis un an. Il a ainsi écrit à Elisabeth Borne, Bruno Le Maire, Jean-Baptiste Lemoyne ou encore à Anne Hidalgo, dont deux de ses adjoints l'ont reçu. De son côté, lors de la manifestation du 4 mars, Yamina Bellahmer a croisé la route de Sylvain Maillard, député LREM du Val-de-Marne. “Il est prêt à nous écouter”, dit-elle. Une autre façon de porter la voix de l’hôtellerie en crise, à trois mois des élections régionales.
Publié par Anne EVEILLARD