"Pourtant, rien n'a été facile quand j'ai voulu intégrer Ferrandi et le cursus vers un CAP cuisine destiné aux adultes. Détenu, j'ai dû défendre cette démarche afin d'obtenir un régime de semi-liberté pour un an et convaincre la direction de l'école que ce métier était celui de mon avenir. Les formateurs, qui connaissaient eux aussi tout de ma situation, m'ont aidé et encouragé. Et je pense ne pas les avoir déçus puisque je suis sorti major de ma promotion. Vincent Dautry, Jérémy Touzelet et Philippe Leconte ont été extraordinaires, me soutenant au moment de trouver les stages puis en m'aidant à décrocher divers contrats dans des restaurants où je souhaitais poursuivre ma formation."
Ces deux stages obligatoires l'ont conduit au Chiberta, où le groupe Guy Savoy lui a accordé sa confiance, au point de lui permettre de travailler quelque temps encore à ses côtés. "Bénédicte Van Der Motte, chef du restaurant du Renaissance République a beaucoup compté aussi en me recommandant à des confrères."
Passer de l'ombre à la lumière
Autant d'étapes qui ont permis au cuisinier de s'affirmer et d'atteindre son objectif : l'ouverture de son propre restaurant, baptisé Caractère, le 4 janvier dernier. "J'ai d'abord pensé à Paris ou Lyon, mais c'était compliqué. Finalement j'ai choisi le retour aux sources, en m'installant à Uzès où Agnès, ma compagne, est propriétaire d'un immeuble. En attendant d'aménager des chambres d'hôtes dans les étages, le rez-de-chaussée a été totalement transformé au cours de travaux qui ont duré un an et auxquels nous avons activement participé."
Une première salle avec murs de pierre et belle voûte, un salon privatisable façon table d'hôtes : le couple a su mettre le lieu en valeur. Le chef a défini aussi son style avec une cuisine bistronomique, la priorité donnée le plus possible aux produits locaux et le souci du détail. "Je produits mon propre pain bio tous les jours, les pâtes fraîches sont faites maison..." Ouvert du jeudi au dimanche midi et soir, Caractère propose un choix avec deux entrées, deux plats, deux desserts et une suggestion du jour au déjeuner. Le menu à 38 €, proposé le soir, change chaque semaine.
Une orientation qui suscite l'intérêt de la clientèle. "Nous limitons le nombre de couverts à vingt, le temps de nous faire la main. Je suis un insatisfait permanent, mais j'ai confiance dans la réussite de cette aventure. Et je reconnais que j'ai vraiment été chanceux d'avoir la cuisine pour passion; car avec mon parcours et à mon âge, 48 ans, ce n'était pas évident de réussir une réinsertion", conclut le restaurateur.
Publié par Jean BERNARD