L’Hôtellerie Restauration : Quels constats faites-vous de cette crise liée à la pandémie de Covid-19 ?
Philippe Marguet : L’hôtellerie-restauration est un secteur extrêmement touché, et elle l’est de manière très brutale et très violente. Entre la fermeture des restaurants en quelques heures et les mesures de confinement, nous connaissons une période dense qui compte beaucoup d’incertitudes. Même si nous ne sommes pas le seul secteur d’activité à vivre cela, le tourisme est mondialement touché, avec un impact très fort.
Nous faisons plusieurs constats. Tout d’abord, nous sommes persuadés que les aspirations des consommateurs vont aller vers un autre type de consommation. C’est un mouvement qui existait bien avant la crise mais qui va s’accélérer. Les clients et partenaires ont besoin d’une consommation moins globalisée et sûrement plus solidaire.
Ensuite, nous vivons dans une incertitude économique qui est du jamais vu. On ne sait pas où l’on va. Nous avons, depuis la dernière allocution du Président [le 13 avril, NLDR], une petite vision. Mais la reprise sera lente et périlleuse. Les hôteliers sont de petites entreprises.
Enfin, la crise va accentuer les fragilités de certains. C’est certainement le moment de remettre tout à plat. Je pense là aux relations avec les OTA, par exemple. Sans parler des commissions, il faut réussir à établir des relations plus équilibrées avec ces partenaires. Toute la chaîne de l’hôtellerie doit être plus solidaire. On ne peut pas redémarrer comme si de rien n’était. Ce sont les chaînes indépendantes qui participent au rayonnement de la France.
Avez-vous eu des retours sur les difficultés à solliciter les aides de l’État de la part de vos adhérents ?
Grâce à notre réseau social d’entreprise, nous avons pu garder le contact avec nos adhérents. Globalement, beaucoup d’hôteliers ont choisi l’activité partielle dès les premiers jours. Les seules inquiétudes étaient liées à la réception des fameux codes et au temps d’attente. Finalement, nous constatons que ça a bien fonctionné pour tout le monde. Les reports d’échéances ont été assez rapides d’après les retours que nous avons eus. La difficulté se situe maintenant sur le prêt garanti par l’État, car il y a des points qui ne sont pas toujours faciles. Enfin, un gros sujet inquiète beaucoup les hôteliers, c’est celui des assureurs.
Comment voyez-vous l’avenir ?
L’année 2020 est un vrai casse-tête pour notre industrie. Il y a une date qui est annoncée. On sait que l’hôtellerie va suivre même s’il y a des arrêtés, en fonction des régions, qui exigent que les hôtels restent fermés. C’est le cas à Biarritz, par exemple. La situation n’est pas toujours très claire.
Pour la reprise, c’est difficile car nous sommes sur un calendrier estival. L’ouverture va se faire pendant l’été, donc plutôt sur marché de loisirs. Comment les gens vont-ils réagir ? C’est difficile à dire. Il faut en tout cas que l’ensemble des hôtels soient prêts à accueillir les clients en respectant l’ensemble des normes sanitaires. Il va falloir mettre en place des processus pour rassurer les clients. Le mois de juillet voire une partie du mois d’août seront peut-être quand même une période de business. Le mois de juillet sera sûrement très différent des autres années.
Autre constat pour l’avenir, nous sommes peu rassurés concernant l’activité des groupes. C’est un marché qui s’effondre par la force des choses. Nous subissons les annulations, sans compter l’absence totale de la clientèle étrangère. Nous devons rester solidaires avec nos partenaires business, comme les autocaristes. Et allons-nous pouvoir compter sur le marché des salons ?
Comment vit-on l’après crise ?
Il faut essayer de répondre aux attentes des clients. Cela signifie une consommation plus locale, plus équitable, plus solidaire. Dans le service, dans l’accueil, les gens attendent de la souplesse de la part des opérateurs hôteliers. Il faut s’adapter et être à l’écoute des partenaires avec lesquels on travaille. Cette souplesse est importante et elle contribuera à avoir des relations équilibrées.
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Publié par Romy CARRERE