Depuis le 27 mars, l’hôtel Ibis Budget de 65 chambres de Poitiers-sud (Vienne) est aux mains de la Croix-Rouge. Son directeur-salarié, Olivier Crémoux, a été contacté par la direction départementale de la cohésion sociale, à la recherche d’un établissement acceptant d’héberger des personnes en situation de grande précarité - vivant à la rue, en squat ou dans des centres d’hébergement collectifs - atteintes du coronavirus, sans gravité. Les centres d’hébergement de Poitiers ne sont en effet pas en mesure de recevoir ce public devant être isolé.
De tous les établissements sollicités, Olivier Crémoux est le seul à avoir accepté. “J’en ai bien sûr parlé à mon propriétaire, qui est en accord avec cette démarche et m’a appuyé. Dans un esprit de solidarité, nous avons donc mis les lieux à disposition de la Croix-Rouge, qui est en lien avec le CHU de Poitiers [via la Permanence d’accès aux soins de santé, NDLR] et prend en charge les malades désignés. Nous avons signé une convention avec la Croix-Rouge. Leur équipe a fait un premier repérage dans l’hôtel pour voir comment il était possible de s’organiser. Tout est désormais géré par eux, tant l’aspect social que sanitaire”, explique-t-il.
Olivier Crémoux reste joignable si besoin mais ne va plus dans cet établissement, où plus aucun salarié n’est présent. Cet accueil gratuit, dont la capacité est d’une trentaine de places, permet donc un isolement sanitaire et une surveillance médicale pour une prise en charge rapide en cas de dégradation des états de santé. Un médecin et un infirmier passent chaque jour à l’hôtel. Le nettoyage des lieux est assuré par la Croix-Rouge selon des protocoles du CHU. “Je n’ai aucune crainte. L’hôtel sera parfaitement désinfecté à la fin de cette période, et nous repasserons derrière quand nous rouvrirons”, ajoute-t-il.
Une indemnité pour les frais de fonctionnement
Les repas sont préparés par la cuisine centrale de la ville de Poitiers, habituellement en charge des cantines scolaires. Ils arrivent sur plateaux, sont réchauffés sur place puis laissés devant les portes des chambres. La Croix-Rouge a proposé une indemnité à l’hôtelier pour couvrir des frais de fonctionnement comme l’électricité, l’eau. Le montant de ce forfait au mois reste confidentiel. “Nous n’avons rien demandé et avons accepté leur offre sans condition. Nous ne sommes bien sûr pas dans une négociation commerciale”, souligne Olivier Crémoux.
Il dirige un autre établissement voisin, un Ibis de 81 chambres, qui a été sollicité par l’office du tourisme pour héberger du personnel soignant en cas de besoin. “J’ai accepté. Cet hôtel reste ouvert, une partie du personnel est présent pour tout l’aspect sécurité, et une autre est au chômage. Nous louons encore quelques chambres par jour, à des personnes installant du matériel au CHU par exemple, ou à des transporteurs routiers. Habituellement, nous accueillons en semaine une clientèle d’affaires, et le week-end une clientèle de loisirs. Nous gérons également un restaurant Courtepaille dans le même périmètre”, précise Olivier Crémoux. Il s’estime chanceux d’être un franchisé du groupe Accor pour préparer la reprise. “Nous disposons de structures au sein d’Accor qui réfléchissent à une stratégie de plan de reprise par marque, avec des actions commerciales et une communication adaptées. Nous avons l’avantage de ne pas être seuls dans notre coin”, conclut-il.
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Publié par Laetitia Bonnet Mundschau