La psychose du coronavirus confine parfois à l’hystérie. C’est ce qu’a vécu la dirigeante d’un hôtel 4 étoiles d’une station de sports d'hiver en Savoie. “Je souhaite témoigner de manière anonyme, pour aider tout hôtelier ou restaurateur qui se trouverait dans le même cas”, explique Océane J. (dont les noms ont été changés à sa demande). Tout a commencé lorsqu’un tour-opérateur lui annonce la venue en janvier de 80 touristes chinois de Hong Kong. Ce sont des clients individuels qui veulent profiter de la neige et fêter le nouvel an chinois. L’information circule alors comme une trainée de poudre dans l’hôtel et dans la station. “Le personnel est venu me voir. Ils faisaient valoir un droit de retrait ou réclamaient de travailler avec ces clients munis de masques et de gants.”
Puis ce sont des commerçants qui lui font la même demande car leur personnel les menace eux aussi de droit de retrait. Viennent ensuite les insultes et accusations gratuites sur les réseaux sociaux. Des propos virulents sont tenus : on l’accuse de mettre en danger la vie de ses employés, des clients et même des habitants de la station. La réclamation est claire : annuler le séjour des 80 clients de Hong Kong.
“Un juriste m’a conseillée”
Océane J. ne sait que répondre pour rester dans la légalité et pour contrer les réseaux sociaux. Elle se tourne alors vers les instances départementales puis gouvernementales, Direccte… Personne ne prend la peine de lui répondre. “La seule aide, je l’ai trouvée auprès du GNI local qui m’a adressée au GNI au niveau national. Je les remercie infiniment. Un juriste m’a conseillée.” Les salariés n’ont pas le droit de retrait car il n’y a pas de menace définie. Le port du masque et des gants est discriminatoire. Si l’État français accepte ces touristes sur le territoire, elle ne peut les refuser. De plus, aucun symptôme n’a été détecté chez eux.
Un conseiller envoyé par le GNI l’aide à gérer la colère des réseaux sociaux. Finalement, Océane J. n’annule pas le séjour des clients de Hong Kong. En réponse, les arrêts maladie pleuvent. “Cela a été très dur, mais on a tenu le coup. Le GNI ne m’a jamais laissée tomber.” Le réconfort, Océane J. l’a trouvé auprès de tous ses clients. “Ils ont eu l’intelligence de nous comprendre. Le séjour s’est bien passé.”
Publié par Fleur Tari