Lancer une enseigne de restauration solidaire, un food truck bio, ou changer la décoration de son établissement ? Le crowdfunding peut être un bon moyen pour financer tout ou partie d’un projet. Plutôt que d’avoir recours aux circuits traditionnels bancaires, le financement participatif fait appel aux internautes, via des plateformes dédiées (Ulule, KissKissBankBank, Miimosa…). L’entrepreneur expose son projet, de manière sincère, claire et synthétique, y ajoute photos et vidéo, et fixe un montant à atteindre sur une période de 30 ou 60 jours. Les contributeurs, de leur côté, font un don, généralement avec contrepartie (repas, dégustation, privatisation…). Si l’objectif est atteint, la plateforme prend une commission. Sinon, les internautes sont remboursés, sans commission.
KissKissBankBank recense ainsi entre 300 et 350 projets liés à la restauration par an sur son site. “Les contributions de la part des particuliers tournent autour de 75 ou 80 € pour ce type de projets. Les montants collectés s’élèvent en moyenne à 6 000 € pour les restaurants. L’une des plus grosses collectes a été réalisée par le restaurant Le Reflet qui emploie des personnes atteintes de trisomie 21, avec un montant record de 76 000 €. Plus le projet a une dimension innovante, plus il pourra proposer un objectif ambitieux ”, détaille Claire Vasile, responsable Entrepreneurs for Good chez KissKissBankBank.
Doper une ouverture
Lorsqu’il décide d’ouvrir son propre restaurant Le Saltimbanque et quatre chambres d’hôtes à Eaucourt-sur-Somme (Somme) en 2019, Sébastien Porquet pense immédiatement au crowdfunding : “J’ai très vite dépassé l’objectif initial de 5 000 € et atteint 11 871 € sur Ulule. On a insisté sur l’idée même du restaurant, celle de ne travailler qu'avec des producteurs locaux, et proposé la prévente de cartes cadeaux. Cela donne de la trésorerie et dope une ouverture.”
De son côté, Pierre-Yves Le Gal, à la tête de l’hôtel Le Lieu-Dit à Nantes (Loire-Atlantique), s’est servi du crowdfunding pour amorcer sa communication : “Sur les plateformes de crowdfunding, il y a peu de projets liés à l’hôtellerie, car ce sont généralement des investissements plus élevés que dans la restauration. On a pourtant financé notre projet à 150 %, en fixant un objectif de 10 000 € : il s’agissait d’acheter un bateau qui servirait d’espace événementiel dans notre futur hôtel, en collaboration avec le chantier naval de l’économie sociale et solidaire Bathô. Cela a été un miroir grossissant pour le reste de notre projet, entre hôtellerie et lieu de vie. Il y a eu de très bons retours.”
Autre avantage : le crowdfunding permet d’affiner un projet. “Un coffee-shop en banlieue parisienne voulait cibler les familles. Mais pendant la campagne de crowdfunding, beaucoup de contributions sont venues des bureaux des environs. C’était une cible que l’entrepreneure n’avait pas anticipée”, raconte Claire Vasile.
Des valeurs durables ou sociales
KissKissBankBank estime autour de 60-65 % le pourcentage de réussite dans les projets de restauration déposés sur sa plateforme. Pour qu’une campagne soit concluante, plusieurs éléments doivent être pris en compte.
Tout d’abord, le projet doit être mature. Il est “plus facile de créer de l’adhésion autour de son projet si l’on véhicule des valeurs durables ou sociales”, poursuit Claire Vasile.
Il faut ensuite, avant même la collecte de fonds, être capable de faire émerger et d’animer une communauté. Le porteur de projet doit réussir à toucher un premier cercle (famille, proches et amis), qui compte en moyenne pour 20 à 25 % des dons. En prenant la parole sur les réseaux sociaux, l’entrepreneur atteindra un second cercle, avant de contacter les prescripteurs (médias, influenceurs, organismes publics ou parapublics…). La communauté des plateformes de crowdfunding sera alors rassurée et participera plus facilement à la collecte.
Il faut aussi miser sur un objectif atteignable et des contreparties attrayantes, et prendre conseil en amont auprès d’un expert-comptable. “Il est possible de faire campagne, quel que soit le statut juridique : particulier, association, entreprise... Mais il faut anticiper les éléments fiscaux avec son comptable”, souligne Claire Vasile.
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Publié par Violaine BRISSART