Si le luxe, c'est la vue, alors l'hôtel de Crillon est incontestablement l'hôtel le plus luxueux de Paris. Pourtant, cet ancien palais de Louis XV a pris de l'âge. Construit en 1758, l'établissement a pris son nom en 1788, lorsqu'il fut acquis par la famille de Crillon. En 1909, une première rénovation en fera, avec le Ritz, le premier palace parisien.
En 2011, après son rachat par un membre de la famille royale saoudienne, l'établissement subit un ravalement de façade, mené par Étienne Poncelet, architecte en chef des Bâtiments de France. Il aura fallu un an d'un "travail de microchirurgie architecturale, de haute technicité dans un cadre d'urbanisme hors normes", selon l'architecte, pour restaurer l'ensemble de la façade.
Aujourd'hui, c'est donc la deuxième partie des travaux qui va être engagée. "L'hôtel en avait besoin, explique Étienne Poncelet. Il s'agit de repenser les volumes, de redéfinir les espaces pour en faire un établissement répondant davantage aux besoins du client, de plus en plus sophistiqués, dans ce style d'hôtel tout en apportant une rentabilité supérieure à l'hôtel."
Certains travaux semblent désormais inévitables, comme la création d'un spa, nécessaire à tout établissement d'un tel standing. Plusieurs architectes et décorateurs devraient intervenir dans ce vaste projet qui sera dévoilé dans les prochaines semaines. Avec la fermeture du Ritz et ses 103 chambres et suites, celle du Crillon (147 clés) et bientôt le Lutetia, Paris va perdre plus de 400 chambres parmi les plus luxueuses. La clientèle étrangère, souvent fidèle à ces hôtels prestigieux, va-t-elle se reporter sur les 200 chambres du Peninsula (ouverture prévue fin 2012) ou des nouveaux venus que sont le Shangri-La Paris, (109 chambres et suites) et le Mandarin Oriental, (99 chambres et 39 suites) ? À moins que ce ne soient les autres palaces historiques de Paris qui en profitent. Le Bristol ou le George V ont déjà achevé leur transformation et le Prince de Galles, de la Luxury Collection de Starwood Hotels & Resorts, doit prochainement rouvrir ses portes, avec une rénovation signée Pierre-Yves Rochon (lobby chambres et suites) et Bruno Borrione (espaces restauration).
Au Crillon, pour l'instant, on cultive le secret. Les détails du projet seront dévoilés dans les semaines qui viennent, "en même temps que le processus d'accompagnement pour les collaborateurs", déclare le directeur général de l'hôtel, Luc Delafosse, qui souhaite avant tout préserver au maximum ses équipes.
Publié par Évelyne de Bast